De quoi Eric Piolle est-il le nom ?
Il est temps de constater que la laïcité est véritablement en danger à Grenoble !
Les Notes d’Unité Laïque
Par le Bureau d’Unité Laïque
Les récentes prises de position du maire de Grenoble en soutien aux femmes tentant d’imposer le hijab aux fédérations sportives, ont créé une forte réaction d’indignation et de surprise chez certains. Ces indignations et surprises étaient d’autant plus fortes que le propos ouvrait, pour la première fois clairement depuis trois ans la perspective d’une modification du règlement des piscines municipales afin d’autoriser en leur sein le fameux burkini autre emblème de l’offensive menée depuis Grenoble depuis de longs mois. Offensive menée par la fort mal nommée « alliance citoyenne » qui organise et coordonne l’ensemble de ces attaques contre la laïcité au détriment du combat des femmes pour disposer librement de leur corps par une inversion bien connue des valeurs et de repères.
L’effet recherché par le maire de Grenoble a donc été atteint, faire du bruit pour entrouvrir enfin une porte qu’il cherche à ouvrir en grand depuis plus de trois ans sur le sujet. Car sur ce sujet, il a un agenda politique, qui mêle clientélisme et conviction profonde. Il ne saurait donc être question de traiter ses prises de positions à la légère.
Dès les premières actions des activistes pro-burkini, celles-ci ont fait état, clairement et ouvertement d’échanges en amont avec le cabinet du maire de Grenoble au cours desquels leur avait été suggérée l’idée d’une « mobilisation citoyenne » permettant d’ouvrir la brèche amenant à la modification voulue du règlement des piscines municipales. La méthode est assez classique avec cette équipe municipale, organiser les mobilisations pour mieux les embrasser et donner ainsi l’impression d’être à l’écoute des demandes « citoyennes ». Bien entendu, les luttes ne faisant pas partie du champ politique accepté par le maire de Grenoble sont impitoyablement combattues…
Les actions menées parallèlement à Grenoble et Villeurbanne au début n’ont pas connu le même sort. Une réponse claire et nette du maire de Villeurbanne de l’époque, Jean-Paul BRET, sensible aux interpellations multiples de villeurbannaises qui le conjuraient de ne pas céder en leur nom, aidé aussi par ses convictions fortes et par des élus municipaux (et des élues !) clairs sur la question. A ce jour, le dossier n’a pas connu de nouveaux développements dans cette ville, mais le changement de maire et d’équipe municipale pourrait rouvrir le dossier… si Grenoble entame la démarche…
A Grenoble justement, les atermoiements du maire face à la réaction inattendue sur ce dossier ne furent que de façade. Le poids des oppositions, mais aussi de personnalités locales comme Naëm BESTANDJI et la proximité des élections municipales de 2020 ont obligé le maire à renoncer temporairement… Son envie de concourir à la primaire écologiste pour la présidentielle aussi d’ailleurs, l’amenant à cacher sa copie le temps du débat et de la désignation, pour mieux sortir du bois maintenant qu’il n’est plus en période électorale et n’aura pas à gérer seul les conséquences politiques de sa position.
Pour autant, des élus emblématiques et attachés à la laïcité et à l’égalité entre les femmes et les hommes, farouchement opposés à cette orientation n’ont pas été reconduits aux municipales de 2020, comme l’adjoint aux sports. Au même moment, la présidente du planning familial 38, devenu le cheval de Troie du combat mené par les activistes pro-voilement, fut accueillie dans l’équipe municipale à bras ouverts. Avec elle, d’autres femmes et hommes proches de cette mobilisation et favorables à une évolution du règlement des piscines, mais pas seulement.
Pour ceux qui suivent la vie politique locale grenobloise, plus rien ne surprend dans ces prises de positions du maire de Grenoble. Tout dans son parcours personnel, mais aussi dans ses références et son panthéon personnels, le pousse vers ces positions. Une pratique individuelle et une formation intellectuelle fortement influencées par la religion, assumées et souvent évoquées comme dernièrement sur Europe 1 pour mieux faire passer le message de ce qu’il est réellement.
Un homme en totale proximité pour ne pas dire compagnonnage avec les tenants d’une conception de la laïcité de type « Coexister » insistant beaucoup plus sur une construction de la société faisant la part belle au fait religieux. Une initiative du maire alors fraichement élu en 2014 avait d’ailleurs marqué les esprits. Alors qu’il choisissait d’interpeller le président de la république de l’époque (c’est une habitude chez lui d’interpeller l’Etat sur tous les sujets) sur la situation des « campements de roms » sur le territoire de la commune, il n’avait rien trouvé de mieux à faire que de faire cosigner
ce courrier d’interpellation par les autorités religieuses de la ville… La référence absolue du nouveau maire de l’époque était le problématique Pierre RABHI qu’il recevait en grande pompes, sans oublier Edwy Plenel avec lequel un échange avec les autorités religieuses de la ville fut organisé par la municipalité.
Enfin, pour ceux qui ont côtoyé et approché le maire de Grenoble, son attitude blessante et parfois son mépris à peine contenu pour « les femmes puissantes » a toujours sonné comme un signal d’alerte… Sandrine ROUSSEAU, malgré les démentis ultérieurs ne s’y est d’ailleurs pas trompé durant la primaire écologiste. Le seul élu masculin ayant dû être recadré sur la question étant le maire de Grenoble.
Au-delà du débat du moment, il est donc primordial de prendre conscience de l’agenda politique du maire de Grenoble. Sa volonté de déconstruire la laïcité n’est pas une vue de l’esprit, il ne s’arrêtera que si la résistance à son projet le dépasse.
Des hommes et des femmes, au-delà des appartenances politiques se battent et se mobilisent à Grenoble, face à un pouvoir municipal sans merci pour les oppositions ou les questions gênantes mais légitimes posées par de simples citoyens.
L’équipe municipale en place se vit comme tenante d’une démarche de « laboratoire » pour une future nouvelle gauche de gouvernement. Ce qui se joue à Grenoble est donc important pour l’avenir de notre pays. Il est peut-être temps de soutenir sur place, celles et ceux qui se battent et d’y organiser à leurs côtés une mobilisation nationale digne de ce nom.