Unité Laïque
La ressource « Enquêtes et études »

Unité laïque met à la disposition de ses membres et de toute personne ou association engagée dans la défense des valeurs de la République et la promotion de la laïcité des ressources permettant d’illustrer et étayer l’engagement et la conviction laïques. Ces ressources se veulent des outils et des aides à l’information et la formation des laïques. Elles sont variées et mettent en valeur des informations récentes ou plus anciennes.

Au cours des années les plus récentes, les instituts de sondage ont souvent interrogé les Français sur leur rapport à la laïcité et sur la situation de la laïcité en France. Ils ont cherché à connaître soit l’opinion de l’ensemble des Français, soit l’opinion de secteurs de population (les jeunes, les enseignants, les fonctionnaires, les catholiques, les musulmans, etc.). Unité laïque propose ici une sélection d’enquêtes, réalisées principalement par l’Ifop associé selon les cas à des associations ou des titres de presse. Le plus souvent en lien avec l’actualité, ces enquêtes permettent d’approfondir la réflexion des citoyens et d’éloigner certaines idées reçues.

Le regard des Français sur la laïcité

Alors que le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye a indiqué ce dimanche 7 mai qu’environ 500 cas d’atteintes à la laïcité avaient été recensés en mars dans les écoles, collèges et lycées, Ifop-Fiducial pour Sud Radio a interrogé les Français sur leur regard concernant la laïcité.

D’une part, la laïcité est perçue comme menacée par une nette majorité de Français (67%), un chiffre majoritaire dans toutes les catégories de la population, mais qui baisse tout de même de 11 points par rapport à octobre 2019 : période marquée par l’assassinat de Samuel Paty.

D’autre part, concernant la définition donnée par l’opinion au principe de la laïcité, la séparation des religions et la politique (28%) prime, avant le fait d’assurer la liberté de conscience (23%) et de mettre toutes les religions sur un pied d’égalité (21% contre 32% en 2005, soit une baisse significative de 11 points).

En outre, une large majorité de Français (71% en mai 2023) souhaite garder la loi de séparation des églises et de l’Etat telle qu’elle est – un chiffre stable dans le temps (70% en 2020) – contre 21% qui désirent l’assouplir et 8% (contre 5% en mars 2019) la supprimer.

Enfin, une minorité de Français (27%) adhère à la suppression des jours fériés qui font référence aux fêtes religieuses dans le calendrier républicain (Pâques, l’Ascension…), en remplaçant ces jours fériés par d’autres célébrations ou “fêtes laïques”. En s’intéressant à la proximité politique, notons que les sympathisants d’Europe Ecologie les Verts se distinguent et sont les seuls à y être majoritairement favorables (53%).

Consultez ici les résultats du sondage

Le triomphe de l’imposture pseudo-laïque

Il est temps de rompre avec la vision religieuse, communautariste et individualiste de la société, véhiculée par les associations qui cherchent à neutraliser la laïcité.

Publiée dans Le Point le 23 mai 2023, une tribune d’Aline Girard, secrétaire générale d’Unité laïque et auteur de Vers une société communautariste et confessionnelle. Le cas Samuel Grzybowski, éditions Pont 9, 2023.

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Le regard des Français sur le port de signes religieux par les élèves

Alors que le respect de la laïcité en milieu scolaire devient un sujet de plus en plus tendu, l’Ifop a interrogé pour Paris Première les Français (échantillon de 1002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus)sur leur adhésion au port de signes religieux ostensibles par les élèves dans les collèges et les lycées publics.

Plus des trois-quarts des Français (77%) demeurent opposé au port de signes religieux ostensibles (croix, voile, kippa, etc.) par les collégiens et lycéens du public. La moitié de la population (47%) s’y déclare même « très opposé ». La minorité adhérant au port de signes religieux ostensibles à l’école recule légèrement depuis 2020, atteignant aujourd’hui 23% des Français (-2 points).

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Les frères musulmans et la France


Jeudi 22 juin 2023

Conférence publique avec Florence Bergeaud-Blackler,

Anthropologue, attachée de recherche HDR au CNRS

Auteur de Le frérisme et ses réseaux. L’enquête

inscription : écrivez-nous à cette adresse :  contact@unitelaique.org





Libre Pensée, Ligue des droits de l’Homme. Entretenir la confusion

Depuis quelques semaines, la Fédération nationale de la libre Pensée (FNLP) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH) réclament avec insistance le soutien du monde laïque face aux critiques dont ces deux associations font l’objet.
Beaucoup, à l’évocation de ces deux noms qui se sont illustrés dans le combat laïque et républicain depuis la fin du 19e siècle, se sentent tenus de leur apporter leur appui.
Mais, en 2023, à qui donnent-ils ainsi ce blanc-seing laïque et républicain et à quel propos ?

Depuis le début des années 2000, la FNLP, au nom du tiers-mondisme et d’une vision binaire de la société, a sacralisé l’islam en tant que religion des opprimés. Elle a voulu rendre impossible toute critique de l’islamisme et du conservatisme religieux exacerbé de cette religion qui n’a pas encore été sécularisée par la pensée des Lumières et par la République. A ce titre, cette association a adopté tous les travers de la pensée islamogauchiste et qualifie de fasciste toute critique de l’islam et même de l’islamisme, peu sensible aux effets dévastateurs de l’intégrisme musulman sur notre pays.

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Les ignorances feintes des naïfs et des roués

Edito

par Nathalie Heinich

Initialement publié sur Observatoire du décolonialisme (decolonialisme.fr)

      
A la suite de la tribune de Xavier-Laurent Salvador consacrée à la « caporalisation » du Conseil des sages de la laïcité dans Le Figaro du 19 avril (voir sur notre site : https://decolonialisme.fr/la-caporalisation-du-conseil-des-sages/), le journal a publié une réponse du politiste Alain Policar (https://www.lefigaro.fr/vox/societe/alain-policar-sur-la-laicite-oui-je-m-inquiete-qu-on-puisse-faire-d-un-principe-juridique-une-valeur-identitaire-20230421), dont la récente nomination au sein de ce conseil a fait quelques vagues en raison de ses positions plus qu’ambiguës en matière d’universalisme et de laïcité.

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Chaos de Stéphane Rozès : néolibéralisme et frustration

Rozès, Stéphane et De Benedetti, ArnaudChaos – Essai sur les imaginaires des peuples, Paris Editions du Cerf,2022.

Au début de son livre, Chaos, essai sur les imaginaires des peuples, entretiens avec Arnaud Benedetti (Cerf, 2022), Stéphane Rozès évoque d’abord brièvement sa jeunesse bourgeoise et marxiste, bien de sa génération (il est né en 1957). Mais sa contribution politique personnelle, en tant que sondeur d’opinion, directeur général de l’institut CSA, est pourtant à l’opposé de toute idéologie et, à ce titre, il a été le témoin et familier des personnages politiques de premier plan, conseiller personnel des présidents de la République. Son chemin en philosophie politique va du marxisme au rejet de l’économisme, pour mettre en avant, la dimension « imaginaire » et « culturelle » dans la marche des événements. La définition de cet « imaginaire » ou de cette « culture » déterminante n’est pourtant pas très claire dans son statut politique, mais peu importe (c’est aussi le cas chez Samuel Huntington, pour lequel les « civilisations » ne se confondent pas exactement avec les religions). L’important est de marquer la différence des volontés politiques qui sont la résultante de ces « imaginaires » ou de ces « cultures » diverses dans le monde, et surtout en Europe, à propos de leur confrontation avec le « néolibéralisme », cet épouvantail contemporain (« Tonner contre » comme dirait Flaubert).

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Vers une société communautariste et confessionnelle ?

Vers une société communautariste et confessionnelle. Le cas Samuel Grzybowski, par Aline Girard. Paris, Editions Pont9, 2023, 119 p. 16,90€

Préface de l’ouvrage

Le court ouvrage d’Aline Girard, secrétaire générale d’Unité laïque, est percutant. Il n’est pas percutant comme un direct du droit ou comme un pamphlet destiné à emporter l’adhésion du lecteur par une rhétorique enflammée sans que, souvent, les arguments ne viennent soutenir la prise de position. Il est percutant comme un réquisitoire.

Aline Girard doit à sa formation et à ses années d’activité professionnelle dans les bibliothèques, et en particulier à la Bibliothèque nationale de France, sa capacité à étayer sa pensée avec une précision intraitable. L’un des premiers lecteurs de ce texte, et pas le moindre, l’ami Stéphane Rozès, a dit à l’auteur son étonnement, voire son effarement, devant la qualité, le nombre, la précision, l’exactitude des citations, des références et des sources. On a perdu aujourd’hui l’habitude de lire un travail aussi puissamment charpenté. C’est la première qualité de ce livre qui, plus qu’une personne, Samuel Grzybowski, met en accusation un système et peut-être même une génération de jeunes intellectuels perdus pour la République. Il en va de l’honneur et de l’éthique d’un auteur de ne pas accuser à la légère, comme d’un procureur de ne pas bafouer la dignité d’un prévenu. Cet ouvrage devrait être donné en exemple à tous les journalistes, à tous les investigateurs. Il leur apprendrait ce qu’est une enquête solide et inattaquable.

Mais il ne faut pas croire que ce travail est indigeste ou fastidieux. A la rigueur de sa méthode, l’auteur ajoute un vrai style, avec des bonheurs d’écriture et une élégance qui donnent souvent envie de noter dans un carnet certaines formules, certaines phrases, certains paragraphes éclairants et ciselés dont on sait que l’on aura l’occasion un jour ou l’autre de se resservir pour anéantir l’argumentation souvent indigente des rhétoriciens de la coexistence des religions et du communautarisme.

Car il faut en venir au fond. Et le fond, c’est le dévoilement des agissements et des menées coupables de tout un pan de la société politique et intellectuelle de notre pays, inféodée aux deux impérialismes religieux et marchand, pour reprendre l’heureuse expression de l’historienne Sophie Bessis, qui s’accordent comme larrons en foire pour liquider le citoyen républicain, laïque et universaliste au profit – c’est le cas de le dire – du consommateur soumis au marché et des talapoins.

Au détour des pages on voit se dessiner les différentes facettes du « modèle » Grzybowski. La foi avant la liberté, la foi avant l’égalité, la foi avant la fraternité, la foi avant la laïcité. La foi comme modèle de coexistence à opposer à la République et à sa devise. Ces entreprises, au sens le plus commerciales du terme, sont destinées à semer la confusion dans la société et en particulier chez les écoliers, les collégiens, les lycéens, les enseignants, bref, dans toute la communauté éducative, pour leur faire rejeter l’extraordinaire principe émancipateur de la citoyenneté laïque et républicaine.

Pour cela, Monsieur Grzybowski et ses amis, si nombreux, si bien élevés, si idéalistes, s’appuient sur toutes les ressources que peut leur fournir le soft power communautariste et bienpensant d’une Amérique convaincue de son destin messianique. A travers think tanks, fondations philanthropiques, multinationales socialwashed et greenwashed, toute la politique des États-Unis concourt à fournir à la nébuleuse de l’interconvictionnel, du community organizing et du social business les moyens de son emprise progressive sur la société française.

Dans ces réseaux où les mots ne recouvrent pas le sens que la plupart des Français leur donnent, dans un cocktail de George Orwell et d’Aldous Huxley, il s’agit sous les dehors d’une hyper-modernité rendue désirable, comme on rend désirable un paquet de lessive en tête de gondole d’un supermarché par un storytelling éprouvé et efficace, de « démoder » les Lumières, peintes sous de sombres couleurs et de rendre enviable l’obscurantisme. On ne peut lire ce petit livre sans penser à Rhinocéros d’Eugène Ionesco. La pression, le conformisme, l’inversion des valeurs peuvent un jour nous amener à croire – et le mot est bien choisi – que le lourd et laid quadrupède est plus beau, plus svelte, plus spirituel que Jacques le fataliste ou que Figaro. Voilà ce à quoi s’emploient les Grzybowski du temps, appuyés sur tous les usual suspects de la laïcité dévoyée, dont vous n’aurez, je pense, aucune difficulté à deviner les noms.

Mais Samuel Grzybowski et ses alliés sont surtout les révélateurs du danger qui guette notre pays, notre nation, notre peuple et son idéal indivisible, laïque, démocratique et social, son idéal républicain. Ils font apparaître nos faiblesses qui autorisent ses tristes jeunes gens à œuvrer pour détacher de la République les jeunes générations, pour leur offrir une image du monde purement idéologique et sans aucun rapport avec le réel.

Ces réseaux religieux et marchands travaillent au quotidien à séparer les citoyens de la République et à leur faire oublier la dignité du peuple politique. S’ils y parviennent, alors la grande aventure des Lumières s’achèvera et les citoyens ne seront plus que des gens, des individus, des consommateurs, des croyants. Ils ne comprendront plus du monde que ce qui leur en sera révélé. Voilà ce que donne à comprendre le livre d’Aline Girard, manuel de survie du peuple souverain au temps de la peste narcissique et bigote.

Jean-Pierre Sakoun, président d’Unité laïque

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Observatoire des enseignants face à l’expression du fait religieux (Volet 2) : LES ATTEINTES À LA LAÏCITÉ ET LES TENSIONS RELIGIEUSES À L’ECOLE

Alors que le meurtre d’une professeure à Saint-Jean-de-Luz (22 février) vient de bouleverser une communauté éducative encore traumatisée par l’assassinat de Samuel Paty, ce drame a mis en évidence un problème de fond souvent sous-estimé : les différentes violences auxquelles sont confrontées les enseignants dans l’exercice de leur fonction.

Dans le cadre de l’« Observatoire des enseignants face à l’expression du fait religieux », l’Ifop et la revue Ecran de veille publient aujourd’hui des données permettant d’avoir une idée de l’ampleur d’un type précis d’agressions – celles liées à des tensions religieuses ou identitaires – mais aussi des différentes atteintes à la laïcité auxquelles les enseignants sont exposées dans l’enceinte de leur établissement.

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La laïcité, avec ou sans adjectif ?

Jean Baubérot et Nathalie Heinich, Les déchirements de la laïcité, Mialet-Barrault, 165 p. 12€

La collection qui accueille le débat entre Jean Baubérot et Nathalie Heinich a pour nom Disputatio, laquelle propose des échanges contradictoires d’arguments rigoureux. On ne sera pas déçu de ce point de vue par le débat ainsi provoqué entre les sociologues Jean Baubérot et Nathalie Heinich. Difficile d’imaginer positions plus antagoniques, qui reflètent d’ailleurs les débats qui fracturent la gauche depuis quelques décennies autour de la laïcité.

Pour camper le décor, les deux débatteurs expliquent « d’où ils parlent ». Et si Baubérot énumère les preuves académiques de son expertise en matière laïque, Heinich dit s’exprimer davantage comme « intellectuelle engagée » que comme spécialiste du sujet. En effet, la quarantaine d’ouvrages qu’elle compte à son actif sont plutôt consacrés à l’art tandis que son contradicteur s’est entièrement voué à la laïcité, ayant connu une première percée médiatique en 2003 lorsqu’il s’était distingué en étant le seul membre de la Commission Stasi à ne pas approuver la globalité de son rapport.

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L’indispensable lutte contre la ségrégation scolaire

« Le premier devoir d’une République est de faire des républicains ; pour faire un républicain, il faut prendre l’être humain si petit et si humble qu’il soit (un enfant, un adolescent, l’homme le plus inculte, le travailleur le plus accablé par l’excès de travail) et lui donner l’idée qu’il peut penser par lui-même, qu’il ne doit ni foi ni obéissance à personne, que c’est à lui de chercher la vérité et non pas à la recevoir toute faite d’un maître, d’un directeur, d’un chef quel qu’il soit, temporel ou spirituel. »

C’est par ces mots que Ferdinand Buisson entendait donner une définition substantielle de la République et des missions qui lui reviennent. Dans ce cadre, l’école publique est amenée à jouer un rôle central pour apprendre à nos enfants, indépendamment de leurs origines, à s’émanciper et à devenir des citoyens, dotés de raison et d’esprit critique.

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Le Conseil supérieur des programmes abandonne toute ambition pour la formation initiale et le recrutement des professeurs des premier et second degrés

par Valérie Soria, professeur de philosophie, membre d’Unité laïque

Le Conseil supérieur des programmes de l’Education nationale s’appuyant sur la loi de programmation et d’orientation pour la refondation de l’École de la République du 8 juillet 2013, a rendu public le 3 mars 2023 un avis alarmant, avec des propositions qui concernent le recrutement et la formation des professeurs des premier et second degrés. Cet avis engage la nature et le contenu des épreuves de recrutement ainsi que les objectifs de ce que doit être la formation initiale et continue des professeurs en 2023.

Ce qui apparaît saillant dans ces avis et propositions est l’articulation des parcours de formation et des concours. La conclusion de ce rapport est éloquente : « Le Conseil supérieur des programmes a souhaité insister sur la priorité à donner à la logique des parcours de formation sur celle des modalités de recrutement : les concours, ou autres modalités de recrutement, ne sont sans doute plus des finalités en soi. » S’appuyant sur le manque d’attractivité du métier et sur la lecture des rapports de jurys de concours qui relèvent que le niveau des candidats n’est pas aussi élevé qu’attendu, s’appuyant également sur la nécessité de renouveler 31% de l’effectif du corps enseignant, soit 328 000 postes, entre 2019 et 2030, il s’agit de réfléchir sur la formation des professeurs et sur les concours. L’agrégation est laissée de côté pour le moment, son « évolution mérite une réflexion spécifique », ce qui assurément a de quoi inquiéter.

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Génération TikTok, Génération “toctoc”? Enquête sur la mésinformation des jeunes et leur rapport à la science et au paranormal à l’heure des réseaux sociaux

A l’heure où TikTok s’impose comme le réseau social préféré des jeunes français, que sait-on de l’impact de cette plateforme sur ses utilisateurs, qui sont de plus en plus nombreux à l’utiliser pour se divertir mais aussi pour s’informer ? Alors que la crise sanitaire a été un terreau propice à l’essor des théories complotistes dans un contexte de défiance généralisée envers les autorités, la Fondation Reboot et la Fondation Jean-Jaurès ont commandé à l’Ifop une enquête auprès des jeunes visant à mesurer leur porosité aux contre-vérités scientifiques et ceci au regard de leur usage des réseaux sociaux. Entre platisme, astrologie, créationnisme, sorcellerie et vaccinophobie, cette étude montre la sécession d’une partie de la jeunesse avec le consensus scientifique : les adeptes des thèses conspirationnistes et plus généralement des croyances irrationnelles étant particulièrement nombreux chez les jeunes, notamment chez ceux qui utilisent beaucoup les réseaux sociaux.

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7 janvier 2015-7 janvier 2023
NI OUBLI, NI PARDON

7 janvier 2015 – Charlie Hebdo – 10, rue Nicolas Appert, Paris
Cabu, Charb, Tignous, Honoré, Wolinski, Bernard Maris, Mustapha Ourrad, Elsa Cayat, Frédéric Boisseau, Michel Renaud, Franck Brinsolaro, Ahmed Merabet.

8 janvier 2015 – Montrouge
Clarissa Jean-Philippe

9 janvier 2015 – Hyper Casher Porte de Vincennes, Paris
Yohan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada, Yoav Hattab

La haine islamiste de la liberté, de l’égalité,
de la fraternité, de la laïcité, des juifs,
ne nous soumettra pas.

La robe et le hidjab : les avocats contre l’obscurantisme

Les islamistes, associations proches des frères musulmans en tête, ont décidé, dans leur offensive politico-religieuse contre la liberté de conscience et la liberté des femmes, de s’attaquer aux professions réglementées, en banalisant le hidjab dans les cabinets d’avocats et dans les prétoires.

La lutte sur ce terrain est essentielle contre la volonté d’atomiser la société française et de détruire la liberté de conscience.

Notre secrétaire générale adjointe, Anne Salzer, avocate, met les choses au point dans le n°12 – Hiver 2023 de Actus du Barreau.

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Un hymne à la République

Ce petit livre est un hymne à la République, rédigé très majoritairement par une enseignante engagée pour la laïcité. Milène Coitoux y dresse l’inventaire des dérives que la gauche a pu connaitre en quelques années pour tenter de mieux redresser le cap. De l’indigénisme au post-colonialisme, de la cancel culture au néo-féminisme, de l’antiracisme racialiste aux évolutions du planning familial, elle observe qu’une certaine gauche, aujourd’hui dominante culturellement sur le reste de ce camp, admet et même promeut une vision communautariste de la société. Elle pointe aussi l’intolérance qui caractérise de plus en plus son bord politique, qui s’accommode aussi de discours voire d’actes de censure de la part de « nouveaux prédicateurs qui imposent leur loi en manière de parole publique et décident de ce qu’on peut dire ou de ce qu’il faut taire ».

L’un des chapitres les plus instructifs de ce petit livre concerne l’expérience professionnelle de l’enseignante. Elle y expose de manière factuelle comment des élèves d’un collège de banlieue parisienne ont intégré comme des banalités des notions comme le blasphème ou l’offense, comment la contestation des contenus d’enseignements, auparavant épisodique, devient aujourd’hui permanente, et comment la mise en avant de revendications religieuses est vécue comme une évidence par des élèves de plus en plus nombreux. « Force est de constater que nous sommes démunis (…) tant les élèves rétifs se situent dans un rejet obstiné (…) qu’aucune rationalité de saurait éclairer », relève Milène Coitoux.

En renonçant à son patrimoine idéologique humaniste, universaliste et émancipateur, une large partie de la gauche a encouragé ces évolutions qu’elle semble parfois désormais découvrir avec surprise. Pour recomposer le « puzzle » bousculé de la République, pas de recette miracle mais, simplement, continuer à « faire vivre la démocratie et débatte avec discernement ».

Philippe Foussier

Le puzzle de la République. Marianne et le discernement, Milène Coitoux, avec la participation de René Badache, L’Harmattan, 154 p., 17€

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Le Conseil d’État, apprenti-sorcier de la guerre des crèches.

« S’il fallait une démonstration par l’absurde de l’effet pacificateur de la laïcité et de ce qui se passe lorsqu’on l’affaiblit, ces messieurs du Palais-Royal nous en auraient apporté la plus belle preuve. Non, les crèches n’ont rien à faire dans la maison commune. Non, la République française n’a pas de racines chrétiennes. Non, la différence des droits n’est pas la voie qui garantira l’émancipation, la liberté, l’égalité, la fraternité et la paix civile dans notre pays. »

Par deux ordonnances du 26 août 2016 et du 26 septembre 2016, le Conseil d’État considérait que le port du burqini[1] n’était pas répréhensible sur les plages de notre pays. Souvenons-nous que les « affaires » de burqinis furent montées de toutes pièces par les milieux islamo-fréristes, immédiatement après l’attentat de Nice du 14 juillet 2016, pour établir un contrefeu à l’indignation populaire, mettre de nouveau en position de victimes les islamistes qui veulent se faire passer pour les représentants des musulmans et distraire l’opinion de l’horreur niçoise.

Cette décision, si elle se concevait en droit, les plages étant des lieux publics que l’on peut occuper en se vêtant comme on le veut, choqua, au moment où elle fut prise. D’une part dans son rapport manipulatoire évident avec l’attentat monstrueux de Nice, mais aussi parce que, aujourd’hui comme hier, la pression islamiste sur les femmes et leur liberté, dont la première traduction est leur voilement, leur effacement de l’espace public, continue de heurter le peuple français dans sa très grande majorité, comme le démontrait en avril 2019 une enquête de l’IFOP pour la Fondation Jean-Jaurès[2].

Quelques mois plus tard, par deux arrêts en date du 9 novembre 2016, le même Conseil, venant en jugement définitif sur l’affaire de l’installation d’une crèche dans la mairie d’extrême-droite de Béziers à Noël 2014, prenait l’une des décisions les plus absurdes et les plus manifestement contraires à la loi de son histoire, en autorisant « sous certaines conditions » la présence de crèches dans les édifices publics, en particulier les mairies, bafouant ouvertement l’article 28 de la Loi de Séparation des Églises et de l’État. Celui-ci stipule sans aucune ambigüité « [qu’]Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires ainsi que des musées ou expositions ».

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Laïcité : pourquoi le ministre de l’Éducation devrait s’inquiéter.

Le Point, 23 décembre 2023

Pour Unité Laïque,
par Aline Girard, secrétaire générale d’UL

TRIBUNE – Le ministre de l’Éducation doit prendre des mesures fortes face aux atteintes à la laïcité à l’école, estime Aline Girard, d’Unité laïque.

Pour répondre à ce phénomène, encore faut-il bien le mesurer et bien l’évaluer à l’échelle nationale », déclarait, prudent, le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, à propos des entorses à la laïcité à l’école mesurées chaque mois par son ministère. À l’occasion de la Journée nationale de la laïcité du 9 décembre 2022, l’Ifop a publié une grande enquête dont Le Point s’est largement fait l’écho, visant à évaluer l’ampleur et l’évolution de ces atteintes au principe de neutralité religieuse dans l’espace scolaire.

Permettant de mesurer des problèmes qui ne sont pas signalés à l’administration, l’étude de l’Ifop montre que les signalements recensés par le ministère et publiés mensuellement ne sont que la partie émergée de l’iceberg d’une poussée du religieux beaucoup plus large. La « stratégie d’entrisme salafo-frériste » signalée par le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) et les services de renseignements territoriaux au mois d’août 2022 semble porter ses fruits si l’on en juge par une hausse des revendications vestimentaires (abayas, kamis) qui n’affecte pas que les zones d’éducation prioritaire, sans surprise le plus touchées.

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Montmartre ou Le Sacré Porte-monnaie de l’Eglise de France

Formellement parlant, l’affaire est simple : le Sacré-Cœur de Montmartre ayant été achevé en 1919, il est postérieur à la Loi de Séparation des Églises et de l’État de 1905 et appartient donc à l’archidiocèse, comme le rappelait en 2017 l’adjointe à la Maire de Paris Valentine Véron. On sait depuis toujours que l’église de France n’a jamais supporté de payer ce qui lui revient de payer et qu’elle a toujours préféré que ce soit le contribuable de la République laïque qui prenne en charge aussi bien ses écoles que ses églises. Et le Sacré-Cœur, ça coûte !

Même si l’église catholique est un des plus riches propriétaires de notre pays que la bienveillance malvenue de nos gouvernants autorise désormais à exploiter lui-même son patrimoine immobilier (voir notre analyse sur cette disposition inacceptable de la loi de 2021 censée renforcer le respect des principes républicains).

Malgré tous les miracles dont elle se prévaut, l’église de France ne pouvait inverser la marche du temps pour que la puissance publique prît à sa charge les réparations qu’elle n’a pas envie de payer. Elle a trouvé, comme à son habitude, une autre solution : faire inscrire, puis classer la meringue anti-communarde à l’inventaire des monuments historiques. L’inscription obtenue sans coup férir en 2017 avec les soutiens de tous les élus bigots et de tous ceux qui préfèrent oublier l’histoire républicaine de notre pays, soulageait l’église du coût des réparations à hauteur de 20%, subventionné par nos impôts. Pourtant cela ne suffisait pas ; il fallait encore obtenir le classement qui permet de faire monter la subvention publique à 40 %. Mais Paris avait différé sa demande à cause des oppositions sur lesquelles nous allons revenir. Le Conseil de Paris, en date du mardi 11 octobre 2022, a fini par accéder à la demande de classement.

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Unité Laïque dans l’hémicycle pour représenter les laïques.

Le 6 décembre 2022, le président d’Unité Laïque était conviée à l’Assemblée Nationale pour une cérémonie symbolique en l’honneur d’Aristide Briand, pour le 117e anniversaire de la promulgation de la Loi de Séparation des Eglises et de l’Etat.

Très honoré d’avoir été convié au nom d’Unité Laïque par Mme Yael Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, parmi une cinquantaine d’invités, à l’inauguration de la plaque posée dans l’hémicycle au banc d’Aristide Briand à quelques jours de la commémoration de la promulgation de la Loi de séparation des Églises et de l’Etat du 9 décembre 1905.

Assis sur les bancs de l’AN, à des places t attribuées par le protocole, entre des amis laïques, les quatre représentants choisis par la présidente de l’AN pour représenter notre idéal et notre combat, GeorgesSerignac , Catherine Lyautey, ThierryZaveroni et moi-même.

Magnifique discours de la présidente de l’AN.

Nous sommes fiers de la reconnaissance d’Unité Laïque et de son travail.

Jean-Pierre Sakoun,
Président d’Unité Laïque

Salman Rushdie « La solitude du coureur de fond » * ou la partition des silences.

Un dialogue entre fiction et réalité de Michèle Gautard, auteur de romans, recueils de poésie, théâtre, membre d’Unité Laïque.

Quand on atteint ce seuil…Celui où l’on assassine un écrivain parce qu’il a écrit une œuvre de fiction…Il est salutaire de franchir cette lisière où la fiction s’empare du réel.

  • Aujourd’hui, « la solitude du coureur de fond » me fait mal.
  • Que veux-tu dire ?
  • As-tu entendu parler de Salman Rushdie ?
  • Tu te moques de moi !?
  • Par les temps qui courent, il est préférable de préciser les choses.
  • Qu’est-ce qui te prend ? Tu me connais pourtant !
  • Oh ! On croit connaître l’autre, mais la nature humaine révèle bien des surprises. J’ai cru bien connaître tous ceux qui étaient discriminés et auxquels je m’associais pour défendre leurs droits au nom de la liberté et de l’égalité.
  • Qu’est-ce que tu racontes ! Nous sommes des universalistes dans une démocratie. Tout ça… va de soi !
  • Tu trouves ! Ferais-tu partie de cette majorité silencieuse dont certains se disent aussi universalistes et qui préfèrent se taire et laisser quelques minorités d’identitaires imposer leurs diktats à l’ensemble de la collectivité ? Les exemples se multiplient aujourd’hui. Ils investissent l’espace public, les lieux culturels, institutionnels, universitaires, et j’en passe. Et tout cela, en faisant fi de la majorité. Ils réécrivent l’histoire, censurent les livres, la culture, en traitant tous ceux qui ne sont pas leur miroir de racistes, de sexistes, d’homophobes, et j’en passe, là aussi. Ah ! j’oubliais… Nous sommes aussi fascistes. Tout cela dans le seul but d’espérer nous culpabiliser et par ricochet de nous faire taire, car vois-tu, à leurs yeux nous sommes tous coupables.
  • Mais ce sont des méthodes totalitaires !
  • Je ne te le fais pas dire.
  • Mais… qu’avons-nous fait ?
  • Es-tu devenu stupide à ce point ? Coupable de quoi ! Eh bien, tout simplement d’être un blanc, un hétéro ou de revendiquer d’être tout bêtement un homme ou femme, pour ne prendre que quelques exemples. Et pour ce que nous représentons, ils veulent nous blacklister.
  • Blacklister ?
  • Oh ! Pardon… J’aurais dû dire « blanclister ». Ça aurait pu faire rire autrefois ; mais aujourd’hui, même le mauvais humour te jette dans la fosse aux lions ou t’envoie en place de Grève. Non… Désolé, je me trompe d’époque. Je voulais dire condamné par les réseaux sociaux. Oui, les époques évoluent en technologie, mais les esprits, eux, sont restés en place de Grève. Aujourd’hui, utiliser le mot « blacklister » pourrait faire de moi un raciste.
  • C’est à ton tour d’être idiot. Tout d’abord tu exagères et ensuite « blanclister » n’existe pas !
  • Aujourd’hui, les mots n’ont plus aucun sens. Et ceux qui en avaient… En place de Grève ! Non, malheureusement, je n’exagère pas. Sais-tu que dans certains conservatoires, il y a des élèves qui commencent à s’insurger parce qu’ils trouvent discriminatoire cet instrument de musique que l’on nomme un piano.
  • Un piano ! Et pourquoi ?
  • Parce que les touches noires sont minoritaires.
  • C’est une blague ?
  • Non, ce qu’il y a de plus sérieux et de véridique.
  • Non, mais tu es tombé sur la tête pour me raconter des trucs pareils !
  • Décidément, tu ne vois pas ce qui se passe au sein de nos institutions, de nos universités et écoles. Quant à nos politiques, ils appliquent celle de l’autruche sous le même étendard… le « pas de vagues » ; feignant au passage d’oublier qu’ils mettent en danger les fondations mêmes de notre démocratie. Mais aurais-tu, toi aussi, fait tienne la devise « Je n’entends rien, je ne dis rien, je ne vois rien » ?
  • Peux-tu m’aider à y voir un peu plus clair ?
  • Commence par entendre et le reste viendra. Écoute d’abord cet assourdissant silence qui nous entoure. Tiens, prend l’exemple de l’école. Un espace démocratique et laïque qui donne sa chance à chacun. N’est-il pas devenu un terrain de guerre, gangréné par les actions de ces groupes identitaires et communautaristes qui remettent en question la moindre virgule qui ne leur plaît pas dans l’enseignement de leur professeur ? Et certains ne cherchent-ils pas à imposer dans ces espaces leurs us et coutumes dogmatiques qui ne concernent qu’une minorité ? Et comme si les uns ou les autres avaient les compétences requises, chacun y va de sa griffe émotionnelle, sexuelle, identitaire, dogmatique et jette en pâture l’enseignant qui ne lui convient pas sur la toile publique. Tu vois, quand le corps devient un espace politique, même si les plus jeunes sont manipulés et n’en ont pas toujours conscience, les tribunaux populaires fleurissent dans le jardin d’une démocratie qu’ils proclament à leur seule effigie. Et je ne te parle pas de tous ces conférenciers, chercheurs et autres spécialistes dont les colloques ou débats sont annulés sous la pression de ces minorités, ni de ces spectacles chahutés ou censurés par ces nouveaux inquisiteurs de la pensée, qui veulent purement interdire et valider de leur seul point de vue, ce qui est juste ou pas pour l’ensemble. Crois-tu que tout cela aurait pris cette ampleur, si les enseignants avaient été soutenus par leur hiérarchie qui donne implicitement raison aux élèves offusqués par cette virgule qui n’est pas un point ?
  • Un point noir.
  • Ne dis pas des choses comme ça !
  • Mais dis-moi, quel rapport tout cela a-t-il avec Salman Rushdie ?
  • J’allais y venir, mais tu m’as fait faire une digression qui pourrait faire croire à un amalgame. Là, on monte en puissance. Non ! Là… On atteint l’innommable ! Vois-tu, toute intolérance finit par conduire à l’extrême. Mais avant de poursuivre sur cette question, il est important que je sois plus précis sur les quelques points évoqués et ce, afin d’éviter méprise et contresens. Si la parité et la représentativité des femmes et des minorités sont des facteurs qu’il faut bien évidemment défendre car effectivement il y a beaucoup de discriminations envers eux, le choix d’un candidat, quel que soit le domaine, ou d’une œuvre artistique, ne peut avoir pour critère prioritaire que la compétence et le savoir-faire. Et ce, bien sûr, quel que soit le sexe et la couleur. Mais aujourd’hui, il faut cocher prioritairement les cases genre, sexe, couleur, pour appliquer des critères jugés désormais politiquement corrects. Des critères qui donnent bonne conscience et surtout permettent d’obtenir des subventions, quitte à évincer de réelles compétences et à censurer ceux qui ne rentrent pas dans ces nouvelles cases. En agissant ainsi, n’ouvrons-nous pas l’ère à de nouvelles discriminations ? À moins que nous ne tombions dans l’ornière de l’absurde et de la démagogie, qui comme tu le sais, ne font en rien avancer l’égalité et la parité.
  • Cette fois, tu fais tout seul une digression …Et Salman Rushdie ?
  • Tu as raison, mais certains détours permettent de mieux comprendre la suite. Et là, j’en viens à Salman Rushdie. Là, il s’agit d’ôter la vie ! Le climax de l’horreur, décidé par une minorité religieuse, pour bâillonner la liberté d’expression, l’art et la culture, entre autres. Trouves-tu normal et rationnel qu’au nom d’un dogme religieux on décide de la vie et de la mort d’un écrivain ? Écrire et mourir, parce que l’encre raconte des histoires que les ignorants prennent pour leur réel. « Les versets sataniques » est une œuvre de fiction. Tu entends… De la fiction ! Mais où est-on ?
  • Et même si cela avait été un essai…
  • Bien évidemment. Là, tu as raison. Mais comme c’était pour moi une évidence, j’ai voulu te rappeler comment l’invention du réel conduit à ce qu’une fiction tue pour de bon !
  • Tu as beau penser de moi ce que tu veux… Je n’ai pas non plus oublié qu’un enseignant fut décapité pour avoir montré quelques dessins à ses élèves. Et là, nous n’étions pas dans l’enceinte d’une université. Là aussi, tout être sensé pourrait dire qu’il perd la trace du réel… Et pourtant, ce qui s’est passé n’est pas une fiction. Et… Si j’avais un peu de courage, je rajouterais qu’assassiner un être humain au nom de Dieu, n’est-il pas le pire des blasphèmes ?
  • La voilà la question… La peur. C’est elle qui engendre le manque de courage. Mais si l’on cède par peur à tous les totalitarismes, quels qu’ils soient, vers quel monde va-t-on ?
  • Oui… Certes. Mais que fais-tu tout seul, face à ces minorités armées ?
  • On s’unit. On se rassemble. On cesse de trembler et d’être sur la défensive. Et l’on n’a nullement honte d’assumer nos valeurs, la défense de nos libertés, de la démocratie, de la culture et de cette si précieuse liberté d’expression. Et surtout, on applique la loi de la république dans l’école laïque.
  • Tout un programme !
  • Simple à appliquer pourtant.
  • Oui, avec un peu de volonté, de solidarité et un peu moins de lâcheté… peut-être… peut-être…Et Salman Rushdie ?
  • « La solitude du coureur de fond ». Le titre de ce livre m’est revenu en m’interrogeant sur cet assourdissant silence autour de sa tentative d’assassinat. Ces quelques mots m’ont semblé résumer la profonde solitude de ce grand écrivain. Si fort heureusement, il y a eu des élans de solidarité internationaux, ce mouvement a fini par très vite retomber comme un soufflé ; alors qu’un tel acte aurait dû embraser le monde. Là, il y a une anomalie !

Mais que s’est-il donc passé entre ce 11 janvier 2015, qui vit déferler une marée humaine dans les artères parisiennes et mondiales, et… ce silence, très vite revenu, quelques temps après la tentative d’assassinat de Salman Rushdie ? Et ne crois-tu pas qu’en cédant à la peur, nous abandonnons le terrain de nos libertés et de nos valeurs démocratiques aux obscurantistes et aux assassins ? Et qu’il est grand temps de faire savoir à Monsieur Rushdie qu’il n’est pas seul et qu’il n’a pas perdu la vue d’un œil, l’usage d’un bras et subi de multiples blessures physiques et morales dans l’indifférence générale. Il a écrit une œuvre qu’une immense majorité a lue et appréciée internationalement ; une œuvre que son assassin n’a même pas lue. Ne crois-tu pas qu’il est grand temps que la peur change de camp et que Monsieur Rushdie, qui est un modèle de courage et de talent pour nous tous, se sente un peu moins seul ? … Ne crois-tu pas ?

  • Oui. Tu as raison. Mais…
  • Il n’y a pas de mais, sinon nos démocraties vont très vite sombrer sous le joug totalitaire de la barbarie. Et l’on parle de courage, dès que quelqu’un se met à contrer ces petits inquisiteurs ! Oui, ils sont courageux et louables ; mais ils sont bien seuls. Il est grand temps de se dire que nous sommes proches du chaos en s’insurgeant dans le seul silence de nos intérieurs. Il est grand temps de se rappeler que la première victime en pays totalitaire est la culture car c’est elle qui fait trembler les dictatures. Elle est notre bien collectif le plus précieux. Il est grand temps de la protéger et d’être solidaire, en soutenant haut et fort tous ceux qui la font vivre librement.
  • Il faut dire que certains groupes politiques n’aident guère. Par pur clientélisme électoral, ils cautionnent insidieusement ces minorités religieuses, en trahissant nos valeurs républicaines.
  • Les liaisons dangereuses n’ont jamais trouvé la voie des lumières et des libertés. S’il n’y a plus de volonté politique, il doit y avoir des voix citoyennes, multiples, qui sortent du silence pour faire rayonner la culture sous toutes ses formes, libres et sans entrave. Contrairement aux apparences, vous n’êtes pas seul Monsieur Rushdie. Non. Vous n’êtes pas seul. Et si écrire est devenu un crime et que l’on continue de se taire, cela veut dire que nous ne sommes plus en démocratie. Notre silence donne des forces aux ennemis de la démocratie et des libertés. L’autocensure est le début du renoncement. Alors non… Vous n’êtes pas seul Monsieur Rushdie. Il y a des kyrielles d’hommes et de femmes libres qui sont derrière vous. Il suffit juste d’une étincelle pour que tout cela devienne enfin visible. Monsieur Rushdie vous êtes un symbole de lumière pour tous les écrivains, artistes et créateurs partout dans le monde pour qui la liberté d’expression et la création sont la puissance vitale de ce souffle universel. Un souffle porteur de cette lumière qui fait si peur à ceux qui n’aiment pas la vie.

La force de l’écriture et le courage des écrivains sont des armes lumineuses qui empêchent nos démocraties de s’éteindre. La seule réponse à l’obscurantisme est de lire et de relire vos livres Monsieur Rushdie et de vous dire que nous sommes là, à vos côtés. 

* « La solitude du coureur de fond », titre emprunté à la nouvelle du Britanniquee Allan Sillitoe « The loneliness of the long-distance runner », publiée en 1959.

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Unité laïque fête la laïcité sur le terrain au Collège de l’Europe de Bourg-de-Péage

Unité laïque a été conviée le 9 décembre 2022 à intervenir à l’occasion de la Journée de la laïcité dans le plus grand collège public de la Drôme qui compte près de 900 élèves et 31 classes.

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La célébration de la journée du 9 décembre, jour anniversaire de la promulgation de la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, réunissait dans l’établissement, à l’invitation Madame Agnès Vincent, principale du collège, Madame Hélène Insel, rectrice de l’Académie de Grenoble, Monsieur Pascal Clément, directeur académique de la Drôme et plusieurs élues, Mesdames Emmanuelle Anthoine, députée de la 4ème circonscription de la Drôme, Nathalie Niezon, maire de Bourg-de-Péage et Anna Place, conseillère départementale. Des journalistes du Dauphiné libéré et de L’Impartial couvraient l’événement.



Les jeunes membres du Conseil de la vie collégienne, instance citoyenne qui favorise l’implication des élèves dans la vie de leur établissement, étaient invités à réfléchir sur des questions en lien avec la laïcité et à se prononcer sur les réponses à apporter. Jean-Pierre Sakoun, président d’Unité laïque, et Aline Girard, secrétaire générale, animaient le débat et formulaient après chaque séquence des réponses précises et argumentées.





Les représentants d’Unité laïque sont également intervenus dans une classe de sixième et une classe de troisième. Les élèves, sous la responsabilité de leur professeur d’histoire, ont travaillé sur la définition de la laïcité et sur la caricature de presse. Le visionnage d’une vidéo « Qu’est-ce que tu réponds à ça ? », produite par l’association Enquête, a donné l’occasion aux représentants d’Unité laïque d’attirer l’attention des personnalités de l’Éducation nationale sur l’inadaptation de ces vidéos, caricaturales et peu respectueuses des élèves. Enquête, association agréée par le ministère de l’Éducation nationale, largement subventionnée par celui-ci et en son temps fortement soutenue par l’Observatoire de la laïcité, défend, au même titre que Coexister, une dangereuse interprétation de la laïcité. Ces associations travaillent au travestissement de ce principe et à son remplacement par une cohabitation interconfessionnelle. Ces pratiques ne peuvent que créer la confusion dans l’esprit des enseignants et des élèves.

Les réponses apportées par les représentants d’Unité laïque ont suscité tant l’intérêt des élèves et des enseignants que celui des responsables académiques et des élues. Les participants se sont promis de renouveler l’exercice, à Bourg-de-Péage comme ailleurs dans l’Académie de Grenoble !

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Le Café Laïque Bruxelles attaqué par des extrémistes transactivistes.

Retrouvez ici la tribune de Florence Bergeaud-Blackler, co-fondatrice du Café Laïque Bruxelles

La vidéo du début de la conférence et l’irruption des terroristes

Le 15 décembre 2022, Caroline Eliacheff, pédo-psychiatre et Céline Masson, psychanalyste, deux chercheuses de haut niveau, dont le livre « La Fabrique de l’enfant transgenre vient d’être publié aux Editions de l’Observatoire (La fabrique de l’enfant transgenre – Céline Masson – | Maison de littérature générale (editions-observatoire.com)) donnaient une conférence au Café Laïque Bruxelles, à l’invitation des deux inflexibles combattantes de l’émancipation et de la laïcité, Fadila Maaroufi et Florence Bergeaud-Blackler, qui en sont les fondatrices et les animatrices.

Comme c’est désormais de plus en plus souvent le cas, les petits nervis fascistoïdes qui veulent se croire révolutionnaires, représentés cette fois par un obscur « Collectif Ursula » ont tenté d’empêcher les deux auteurs, de parler, avec violence et haine.


Le courage de nos amies et le calme des participants ont permis que la conférence se tienne, après que la police, hélas bien absente pour protéger cette conférence, malgré le signalement fait par le Café Laïque, qui avait reçu des messages de menace anonymes, fut intervenue pour chasser les casseurs.

Notre réprobation de ces actes inadmissibles tient tout d’abord au refus des militants extrémistes transgenres ou d’ailleurs plus généralement de toute la mouvance woke, indigéniste, antilaïque, de laisser s’exprimer des démocrates et des républicains sincères, qu’ils ont l’outrecuidance et l’indécence de traiter de fascistes et de soutiens de l’extrême-droite, alors que ce sont eux qui emploient des méthodes de SA.

Par ailleurs, nous considérons que si les adultes sont libres de leur corps et de leurs choix de vie, l’incitation à faire subir à des enfants ou des adolescents des opérations barbares, définitivement mutilantes, irréversibles, qui placeront pour toute leur vie ces êtres humains dans la dépendance médicale, sont criminelles.

De nombreux pays parmi les plus en pointe sur ce chemin délirant, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Suède, ont pris conscience de l’horreur et du danger que représentent ces actes perpétrés sur des mineurs et les restreignent voire les interdisent de plus en plus.

Ces opérations, cette boucherie, ne peuvent que nous faire penser à l’eugénisme nazi et aux « expériences » tentées dans des lieux de sinistre mémoire.

Et puisqu’il faut aujourd’hui le dire, le spectre épouvantable de la déshumanisation plane sur ces pratiques. Et nous avons nons seulement le droit mais aussi le devoir de le dire !

Retrouvez ici la tribune de Florence Bergeaud-Blackler, co-fondatrice du Café Laïque Bruxelles

La vidéo du début de la conférence et l’irruption des terroristes

Les enseignants face à l’expression du fait religieux à l’école et aux atteintes à la laïcité

« Pour répondre à ce phénomène, encore faut-il bien le mesurer et bien l’évaluer à l’échelle nationale » déclarait Pap Ndiaye à propos des entorses à la laïcité à l’Ecole mesurées chaque mois par son Ministère. A l’occasion de la journée nationale de la laïcité (9 décembre), l’Ifop publie donc pour la revue mensuelle Ecran de Veille une grande enquête visant à évaluer l’ampleur et l’évolution de ces atteintes au principe de neutralité religieuse dans l’espace scolaire. Réalisée auprès d’un échantillon national représentatif de 1000 enseignants du primaire et du secondaire, cette étude montre que la loi interdisant les signes religieux à l’Ecole (2004) n’empêche pas une montée des manifestations identitaro-religieuses aussi bien en classe que durant d’autres moments de la vie scolaire (ex : cantine, sorties scolaires…). Permettant de mesurer des problèmes qui ne sont pas signalés à l’administration, cette étude tend ainsi à montrer que les signalements recensés par les équipes du Ministère (ex : VALEREP) ne sont que la partie émergée de l’iceberg d’une poussée du religieux beaucoup plus large : la « stratégie d’entrisme salafo-freriste » signalée par le CIPDR (L’Express, 23 août 2022) au mois d’août semblant porter ses fruits si l’on en juge par une hausse des revendications vestimentaires (ex : abayas) qui n’affecte que les zones d’éducation prioritaire.

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L’Éducation nationale doit reconnaître l’offensive islamiste à l’école et y répondre fermement

Un communiqué commun de l’UFAL et d’Unité Laïque

L’école publique fait l’objet d’une nouvelle offensive politique planifiée et concertée, orchestrée par les réseaux islamistes, qui utilisent les adolescents pour attaquer frontalement la loi du 15 mars 2004 « encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics ».

Depuis cette rentrée scolaire, une épidémie de port de signes religieux (abayas ou qamis) et de tentatives de prières dans les locaux scolaires touche certains élèves. Elle est propagée par les réseaux sociaux et donne lieu à des « défis » ouvertement contraires au code de l’éducation, qui interdit « les comportements constitutifs de pressions sur les croyances des élèves ou de tentatives d’endoctrinement de ceux-ci » (…)« dans les écoles publiques et les établissements publics locaux d’enseignement, à leurs abords immédiats et pendant toute activité liée à l’enseignement. »

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Voyage à Rome pour la plus grande gloire des religions

Emmanuel Macron s’est rendu à Rome les 23 octobre 2022 pour assister, sur fond de guerre en Ukraine, à un Forum interreligieux pour la paix organisé par la communauté catholique italienne de Sant‘Egidio, l’un des canaux de la diplomatie de l’ombre du Vatican qualifié « d’ONU du Trastevere ».

Il y a prononcé le discours d’ouverture. Après des considérations sur la guerre en Ukraine et les menaces qui pèsent sur la paix mondiale, il a mis en avant le « message d’universalisme » des religions qui représente « le meilleur antidote contre le relativisme contemporain et la fracturation du monde ». Il a lancé à l’adresse des centaines de religieux, de toutes obédiences, et des laïcs croyants qui l’écoutaient : « J’ai besoin de vous et votre rôle est absolument essentiel », poursuivant « Il y a un projet humaniste possible. Et pour ce projet humaniste qui est à réinventer, les religions, les grandes familles philosophiques ont leur rôle à jouer ». Belle profession de foi pour le président de notre République laïque, qui ne reconnaît aucun culte.

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Les élus villeurbannais versent de l’argent public aux adversaires de la République.

Comme chaque année, le conseil municipal de Villeurbanne devait se prononcer lundi 10 octobre sur l’attribution de subventions aux acteurs de la politique de la ville et plus particulièrement pour renforcer l’accès aux droits des populations en situation de précarité.

L’intention est louable. La solution, elle, ne l’est pas du tout.

En effet, l’association choisie par la majorité municipale qui regroupe PS, LFI, EELV, PC et PRG pour mener à bien cette mission et à qui une subvention de 3 000 euros sera versée, n’est autre que la tristement célèbre Alliance citoyenne qui milite depuis des années pour le port du voile et l’autorisation du burkini dans les piscines. Ses militants avaient d’ailleurs déjà fait une tentative en 2019 et le maire d’alors avait su résister, lui. Hélas, depuis, les digues ont lâché et des élus qui se disent républicains financent avec des deniers publics ceux qui cherchent à déconstruire progressivement notre modèle républicain et laïque.

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Samuel Paty, notre concitoyen, professeur de l’école publique

Le 15 octobre 2022 a eu lieu, à l’initiative de l’Association des Professeurs d’Histoire-Géographie (APHG), une cérémonie officielle de commémoration de la mort de Samuel Paty, professeur d’Histoire et Géographie au collège du Bois-d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, assassiné le 16 octobre 2020 par un fanatique islamiste, pour avoir fait son métier d’émancipateur et d’éveilleur de consciences.

Cette cérémonie a été l’occasion de la remise des prix, à trois classes de collèges publics. Ce concours qui avait lieu pour la première fois sera désormais annuel. Son thème était « Est-il encore possible de parler librement ? ».

Se retrouvaient dans le magnifique amphithéâtre Richelieu les parents de Samuel Paty, dont l’émotion étreignait tous les participants, Riss et Coco, de Charlie, invités par Mickaëlle Paty, soeur de Samuel, mais aussi toutes les grandes voix de la laïcité et de l’émancipation républicaines, Catherine Kintzler, Dominique Schnapper, Henri Peña-Ruiz, le préfet Christian Gravel, et tant d’autres, qui se connaissent, se reconnaissent et savent qu’ensemble, ils luttent pour un idéal plus grand qu’eux, celui de l’humanisme, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité universelle. Tous faisaient corps autour de cette famille digne dont la souffrance restera à jamais indicible.

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