La philippique sans concession de notre ami Cincinnatus, sur son blog CinciVox.
Une analyse accablante de la destruction de l’école de la République, dont la fonction était de répondre à ce premier devoir de la République, former des Républicains.
Comment on détruit un pays, un idéal. Comment on fait d’un peuple un troupeau.
L’effondrement de l’instruction
L’école. Encore l’école. Comme si je n’avais pas déjà tout dit à ce sujet [1]. Eh bien non. Parce que, pour un républicain, l’école sera toujours la matrice de toute réflexion politique.
Pour comprendre l’ampleur du désastre, il n’y a qu’à lire des copies de master en lettres ou en sciences humaines. Dans ces cursus, on pourrait imaginer que la maîtrise de la langue est un prérequis évident. Hélas !, même là, les fautes d’orthographe, de grammaire, de conjugaison et de syntaxe le disputent aux paralogismes et autres fautes logiques, à l’inanité des raisonnements et des argumentaires… et, peut-être le pire, à la pauvreté du vocabulaire [2]. Comment élaborer une pensée nuancée, complexe et structurée lorsqu’on ne possède ni les mots ni les formes de sa propre langue maternelle ?
Alors que, pour les générations précédentes, sans entraîner toujours un sentiment de honte, les imprécisions à l’écrit comme à l’oral suscitaient légitimement au moins une gêne sincère, la culture de l’avachissement va aujourd’hui jusqu’à encourager le relâchement et les fautes en les faisant passer pour de la « créativité ». À l’ère de l’individu-roi, du tout-à-l’ego et du culte du moi, toute forme de contrainte ou de norme est perçue comme tyrannique et attentatoire aux droits de l’homme. La désinvolture est devenue une revendication et la paresse intellectuelle une fierté. Dans ces conditions, la grammaire est nécessairement fasciste, la culture discriminatoire et l’instruction une oppression.