Prise de position contraire à la Constitution et à la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat, sur le site « vie-publique.fr »

Lettre Ouverte au Premier Ministre, signée Jean-Pierre Sakoun, en réponse à l’article d’Aline Girard pour Mezetulle.

Monsieur le Premier ministre,

Un article de Philippe Portier intitulé « L’action sociale : de la laïcité de séparation à la laïcité de coopération » a été mis en ligne le 13 décembre dernier sur le site vie- publique.fr, géré par la Direction de l’information légale et administrative (DILA), rattachée à vos services, dans la rubrique Parole d’expert (« Une politique publique, un débat analysé par un expert du domaine ») (L’action sociale : de la laïcité de séparation à la laïcité de coopérati | vie-publique.fr).

Le titre et le corps de cet article constituent une négation du principe constitutionnel et juridique de laïcité.

L’auteur, qui appartient à cette école qui adjective la laïcité (ouverte, positive, etc.), parle en effet de « laïcité de séparation », dont il appelle le remplacement par une « laïcité de coopération ».

Or, la laïcité, C’EST la séparation, la séparation des Églises et de l’État, c’est-à-dire du politique et du religieux. C’est d’ailleurs la définition qu’en donne le site Vie publique.fr lui-même, pour qui « la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État est la clé de voûte de la laïcité en France » (Quelle est la définition de la laïcité ?| vie-publique.fr).

Ainsi M . Portier en nous parlant d’une « laïcité de séparation », nous parle en fait de la laïcité-même, pour nous dire qu’il lui préfère une « laïcité de coopération ». En peu de mots, au nom de son interprétation constante du rôle des religions dans la société, il nous invite à remplacer la laïcité par le concordat. On retrouve ici les idées véhiculées par le prédécesseur de l’auteur au poste qu’il occupe à l’EPHE, Jean Baubérot, qui n’hésitait pas à proposer une « laïcité concordataire », dans un surprenant oxymore.

M. Portier peut parfaitement proposer de renoncer à la laïcité. Il a absolument le droit de défendre cette idée. Il est cependant choquant que la DILA se fasse l’écho de cette proposition anticonstitutionnelle en donnant qui plus est à M. Portier la légitimité de la « parole d’expert ».

A l’heure où la laïcité, qui « garantit la liberté de conscience, l’égalité de tous les citoyens quelle que soit leur croyance, la neutralité de l’État à l’égard des religions et le libre exercice des cultes » selon la définition de la DILA, est attaquée violemment par les forces obscurantistes qui veulent reprendre le pouvoir sur une société française émancipée, une telle publicité donnée à ce que nous nous permettons de qualifier d’élucubrations est particulièrement préoccupante. N’oublions pas en outre que nous célébrons cette année le 120e anniversaire de cette loi fondamentale.

Nous demandons donc que ce texte soit supprimé du site « Vie publique » de la DILA compte tenu de son inconstitutionnalité et de son mépris de la loi et qu’à tout le moins, l’estampille « parole d’expert » soit retirée à son auteur et qu’un droit de réponse nous soit accordé.

Association Unité Laïque, Le président,
Jean-Pierre Sakoun

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