Citoyenneté bafouée, juifs stigmatisés, M. Faure franchit la ligne rouge
Le 15 septembre 2025, après avoir appelé à afficher le drapeau palestinien sur les mairies le jour de la reconnaissance de la Palestine par la France à l’ONU le 22 septembre, Olivier Faure a répondu à un internaute qui lui faisait remarquer que cette date correspondait aussi cette année à Rosh Hashana, le Nouvel An juif : « Tant que vous penserez que vous ne pouvez fêter le Nouvel An juif et l’an 1 d’un État palestinien, vous ne sèmerez que la haine, le désespoir et la mort. »
On serait fondé à penser qu’une telle déclaration serait une aberration dans notre République laïque et indivisible, doublée d’une grossière faute politique quand on se rêve un destin national.
Imagine-t-on un responsable politique français enjoignant les chrétiens orthodoxes de ne plus fêter les Pâques tant que Poutine n’aura pas mis fin à la guerre en Ukraine, les rendant comptables des crimes commis par le régime russe ?
Imagine-t-on un homme politique, se déclarant prêt à assumer la fonction de Premier ministre, sommant les musulmans de conditionner la célébration de l’Aïd à la libération des prisonniers politiques ou à la fin des exécutions capitales dans les pays de droit islamique ?
Imagine-t-on un homme politique de premier plan ironisant sur la participation de fidèles catholiques français aux fêtes de la nativité les accusant de provocation eu égard aux souffrances des indigents dans le monde ?
Cette formulation comminatoire est un aveu terrible. Elle vise à désigner et culpabiliser nos concitoyens juifs, comme si ceux-ci avaient par essence partie liée avec le régime israélien et étaient complices de la politique de Benjamin Netanyahou.
Cette phrase, comme celle de Raymond Barre en son temps qui, après l’attentat de la rue Copernic, en octobre 1980, déplorait la mort non seulement de juifs mais aussi de « Français innocents », ouvre un gouffre vertigineux. Elle révèle l’ampleur des dérives d’une partie du PS. Sous couvert de soutien aux Palestiniens et d’un antisionisme devenu un mantra plus qu’une analyse géopolitique, certains militants et dirigeants en viennent à essentialiser les juifs, les renvoyant à de prétendues attaches communautaires, niant ainsi l’autonomie et la diversité d’opinion des individus dans notre République laïque.
M. Faure veut-il ainsi donner des gages à ses encombrants alliés politiques qui n’ont pas hésité à qualifier d’actes de résistance le pogrom du 7 octobre et qui ne se privent pourtant pas de déclarer à tout-va leur détestation des socialistes ? Est-ce une manœuvre dilatoire et petitement électoraliste pour ne pas aborder frontalement les problèmes qui minent la société française et en particulier l’antisémitisme violent qui s’est emparé d’elle ? Est-ce le fruit des ablutions matinales du premier secrétaire, « en se rasant », ou le résultat d’un débat et d’une prise de position du bureau national, engageant ainsi l’ensemble du parti ?
C’est à coup sûr une défaite morale. Celle d’une vision communautariste et essentialiste de la société qui fait ressurgir un antisémitisme décomplexé et ravageur.
« Humanité, vérité, justice », proclamait Zola devant la persécution de son compatriote Alfred Dreyfus. « Hostilité, déni, stigmatisation », tel est le message que M. Faure nous envoie.
Unité Laïque appelle la direction socialiste à se ressaisir et à renouer avec l’universalisme républicain et l’idéal laïque qui naguère irriguaient la pensée de cette gauche qui a donné à la France quelques-uns de ses plus grands hommes d’État.