La racialisation et la communautarisation du débat politique français s’accélèrent – Atlantico

La polémique entre le CFCM et le CRIF après la publication du sondage de l’Ifop s’inscrit dans un climat politique français où la lecture communautaire des enjeux publics s’intensifie. Cette affaire illustre une dérive plus profonde : la réintroduction du religieux au cœur du débat politique, la montée des réflexes de suspicion identitaire et l’exploitation électorale des appartenances confessionnelles.

Atlantico :  Comment analysez-vous cette charge du CFCM accusant le CRIF d’une opération contre les musulmans ? 

Jean-Pierre Sakoun : Le CFCM traite implicitement les institutions juives comme centrales dans une opération supposée hostile contre les musulmans. En exigeant immédiatement des explications du CRIF, sans relever l’absence de preuve ni la possibilité de manipulation par l’auteur de la vidéo, le CFCM adopte une posture accusatoire qui repose davantage sur la suspicion que sur les faits. La rhétorique du communiqué, qui dénonce les amalgames contre les musulmans tout en généralisant la méfiance envers les institutions juives, révèle un réflexe de mise en cause systématique du CRIF et une lecture biaisée de l’affaire. Sans affirmer une intention antisémite de l’institution, le texte s’inscrit dans une logique où les institutions concernées sont spontanément perçues comme des agents de complot ou d’ingérence, ce qui fragilise la crédibilité de la démarche et nourrit une polarisation déjà vive.