Quelle devrait être la juste place des religions dans la société française ? – France Culture

La loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat, texte fondateur de la laïcité française, fête ses 120 ans. Comment le lire aujourd’hui, le comprendre, l’articuler aux autres textes législatifs ?

Avec
Aline Girard, secrétaire générale d’Unité laïque et conservateur général honoraire des bibliothèques
Samuel Grzybowski, co-fondateur de l’association Coexister.

Pour Aline Girard, “la place des religions – dans la société française – c’est celle que leur attribue la loi de 1905”. La secrétaire générale d’Unicité laïque rappelle que la laïcité n’est pas seulement “la liberté de croire ou ne pas croire” qui est selon elle une vision “trop réductrice” mais avant tout “la liberté de conscience” et donc d’avoir “la liberté d’avoir des convictions philosophiques, des convictions politiques, des convictions religieuses”. Par ailleurs, elle explique que “la loi de 1905 n’est pas le résultat d’un compromis entre les Églises et l’État, mais un acte de souveraineté absolue de la nation, qui a donné aux religions dans la société française une place déterminée”. Cependant dit-elle “on constate depuis un certain nombre d’années une porosité de plus en plus marquée entre la sphère des religions et la sphère du politique” et regrette que sur un certain nombre de sujets comme celui de la fin de vie, “on demande l’avis des cultes”.

Aline Girard pense donc que “l’État, aujourd’hui, ne se considère plus comme capable, avec les représentants de la nation, de prendre des décisions sur ce type de sujet”. De son côté, Samuel Grzybowski estime que “depuis 1905, les religions sont traitées comme des associations comme les autres”. Pour lui, si l’on “consulte des corps intermédiaires, ou des organisations sur différents sujets, le législateur est libre de consulter s’il le souhaite, les religions”. Néanmoins, le fondateur de l’association Coexister pense qu’il n’y a dans notre société “aucun devoir de consultation, comme l’Italie a eu tendance à le faire, par exemple, sur le mariage pour tous” et juge donc “qu’il n’y a aucun caractère d’obligation” à avoir.

Quelle place pour la religion à l’école ?

La place de la religion à l’école fait depuis longtemps débat. Pour Aline Girard, “si le fait religieux ne peut pas être totalement absent puisqu’il est mentionné dans les programmes d’histoire, de lettres ou de philosophie”, les élèves viennent avant tout “à l’école pour apprendre”. Ce qu’elle “conteste”, c’est “l’invitation d’un certain nombre d’associations interreligieuses, le recours, beaucoup plus récemment, à des représentants religieux pour parler avec les élèves accompagnés par leur professeur de faits religieux et de laïcité comme si les enseignants n’étaient plus en capacité de faire face seuls, à un dialogue avec les élèves”.

Sur ce point, Samuel Grzybowski pense qu’il faut être “très prudent” mais qu’il y a des “situations très exceptionnelles où cela peut être possible dans le cadre de projets scolaires”, bien que cela doit rester “marginal”. Par contre, “à titre personnel”, il se dit favorable “à un enseignement laïc du fait religieux à l’école. Non pas d’un catéchisme, ni d’une théologie, mais d’une connaissance scientifique sur l’histoire, la philosophie, l’anthropologie des religions”.

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