Les lycéens, le droit à la critique des religions et les formes de contestations de la laïcité à l’école

Sondage décembre 2021

Le 9 décembre, jour anniversaire du vote de la loi de Séparation des églises et de l’État, l’Ifop a rendu publics les résultats d’un sondage, conduit à la demande de la LICRA et de sa revue le DDV. Ceux-ci permettent de répondre à la question : « Quelle est l’ampleur des formes de séparatisme religieux à l’école ? »

Tablées, toilettes ou robinets séparés en fonction de la religion des élèves, cours sur l’égalité des sexes contestés au nom de la religion, refus de donner la main à un(e) camarade, requêtes de menus conformes aux normes confessionnelles… Contrairement aux idées reçues, la loi interdisant le port de signes religieux à l’école de mars 2004 n’empêche pas les tensions nées des diverses formes d’affirmations identitaires affectant le contenu des cours aussi bien que l’organisation d’autres aspects de la vie scolaire (ex : cantine, sorties scolaires…). Or, alors que les premiers travaux mettant en exergue ces problèmes remontent à près d’une vingtaine d’années, les données permettant de mesurer précisément cette poussée du religieux à l’Ecole manquent encore cruellement, la majorité des académies estimant que les différentes voies de signalement existantes ne donnent qu’une vision « très incomplète de la réalité des atteintes au principe de laïcité en milieu scolaire ».

Afin de mieux cerner l’ampleur des tensions identitaires et des refus d’activités pédagogiques que ces revendications religieuses provoquent en milieu scolaire, la LICRA et son magazine DVD ont commandé à l’Ifop une enquête visant à évaluer dans quelle mesure les lycéens sont confrontés dans leur scolarité à ces entorses au principe de neutralité religieuse. Pour cela, l’Ifop a un mis en place un dispositif d’étude reposant sur un échantillon représentatif d’un millier de lycéens qui permet, entre autres, d’évaluer le rôle que peuvent jouer sur le sujet certains contextes sociaux ou scolaires comme le fait d’être dans une banlieue « pauvre » ou un lycée classé « prioritaire » (selon l’OZP).

Au regard de cette étude, force est de constater que les manifestations identitaro-religieuses qui affectent la vie scolaire sont loin d’être un phénomène marginal : plus de la moitié des élèves inscrits dans le second cycle du second degré y ont déjà été exposés au moins une fois et leur exposition à ces problèmes est encore plus massive dans les établissements marqués du sceau de la relégation sociale ou scolaire. Ces jeunes, et tout particulièrement les lycéens musulmans et/ou scolarisés dans les lycées classés « prioritaire », se distinguent aussi par un fort attachement au « respect » des religions et donc par une forte réticence à toute forme d’irrévérence envers les dogmes et personnages religieux.

Retrouvez ci-après les résultats de l’enquête sur les formes de contestations de la laïcité chez les lycéens, ainsi que l’analyse très fouillée de Jean-Pierre Obin, Inspecteur général honoraire de l’Éducation nationale et de François Kraus, directeur du pôle « Politique / Actualités » de l’Ifop.

Prenez connaissance également des réponses de l’Ifop aux fausses informations diffusées par La Vigie de la laïcité à la suite de la publication des résultats de l’enquête.