Naëm Bestandji nous parle du voilement des femmes, arme de guerre contre l’égalité entre femmes et hommes et contre la liberté.

Café Laïque
Le Chevalier de la Barre – Unité Laïque
Le 22 avril 2022

Certains thèmes, celui-ci n’en est pas le moindre, sont aujourd’hui confisqués voire détournés par des courants politiques extrémistes ; il est plus que nécessaire de s’en saisir en apportant un éclairage net pour ouvrir le champ du débat à une discussion de fond.

C’est tout le geste de Naëm Bestandji, militant féministe, laïque et universaliste, auteur du livre Le linceul du féminisme : caresser l’islamisme dans le sens du voile. Invité à venir expliquer et débattre toute la construction intellectuelle qui anime sa pensée, Naëm Bestandji a développé un propos apaisé, clair et engagé durant ce café laïque organisé le mercredi 20 avril 2022 à Paris par le Chevalier de la Barre et Unité Laïque.

La question du voile revient régulièrement dans le débat public. Cet objet sexiste, patriarcal, prosélyte et liberticide cristallise aujourd’hui encore ce penchant désormais permanent de notre société à l’hystérisation stérile dont tous les petits commerçants de l’identitarisme et de l’essentialisation tirent profit pour leur entreprise destructrice. Car quelle question de fond, dissimulée, est en permanence posée aujourd’hui ? Que voulons-nous construire, et de quelle manière ?

Comme l’explique Naëm Bestandji, la laïcité, quand elle est brandie au sujet du voilement des femmes, est immédiatement retournée contre celles et ceux qui l’utilisent pourtant avec une intention vertueuse. Car les arguments avancés alors nous éloignent de l’essentiel. La question du voile ne concerne pas que nos concitoyens de confession musulmane bien sûr. La question posée concerne en fait toutes les religions quelles qu’elles soient, dans la mesure où celles-ci soumettent les femmes.

La Pologne, pays catholique et réactionnaire, ne connaît-elle pas actuellement une période sombre qui voit des femmes dénoncées, poursuivies et emprisonnées pour avoir eu recours à l’IVG ? Aujourd’hui en France, une minorité d’extrémistes islamistes, confisquent, tout comme leur pendant d’extrême-droite, toute possibilité de débattre de la question qui doit être brandie d’abord, celle du féminisme, de l’égalité de droit des femmes. Ce droit, qui ne doit en aucun cas leur être contesté, de pouvoir en toute liberté disposer de leur corps.

Le voile symbolise, peut-être plus que tout autre signe, cette oppression. Cette visibilité doit nous alerter et nous engager à combattre toutes les formes d’injustice et d’oppression faites aux femmes. L’argument avancé que l’ouverture d’esprit se doit justement de défendre les femmes qui font le choix, bien souvent imposé, de se soumettre, ne tient pas. Il se brise contre ceux qui projettent de soumettre et n’accepteront en aucun cas qu’une voix discordante puisse s’exprimer à leur encontre.

Les exemples passés et présents sont trop nombreux pour détourner le regard de ce qui peut advenir. L’Afghanistan abandonné aux fous de dieu, la guerre civile des années 90 en Algérie, la Pologne aujourd’hui, etc. Partout où l’on soumet les femmes, la barbarie rugit. Ce combat pour le féminisme est aujourd’hui un combat primordial. C’est celui de la citoyenneté, de la mixité, de l’égalité. C’est un combat contre l’individualisme forcené, contre le séparatisme sous toutes ses formes, contre l’égalitarisme inclusif. Les idiots utiles ne manquent pas qui contrarient chaque jour ce combat juste. Alors ne lâchons rien et défendons avec pugnacité les droits des femmes, aidés du beau geste et du mot juste.

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