Lettre à Eric Piolle – Une mélodie bien française

Tous les pays du monde connaissent le racisme et l’hostilité contre les femmes. Tous les pays du monde ne sont pas racistes et patriarcaux.

En France, le racisme et l’inégalité entre les femmes et les hommes sont plus faibles que dans la plupart des pays occidentaux – sans parler des autres – et peu de pays leur opposent un arsenal de lutte politique, juridique et sociale aussi actif et complet que le nôtre. C’est une des raisons qui nous le font aimer et admirer. Dans notre pays en effet, l’universalisme, la laïcité et l’aspiration à l’égalité ont fait leur œuvre depuis la Révolution pour susciter un métissage assez général et une liberté des relations entre femmes et hommes, qui effraient et rebutent les intégristes, les indigénistes et autres décoloniaux, qui ont du mal à trouver un terrain favorable à leurs revendications victimaires. Et ce n’est pas faute d’essayer.

Il faut dire que la France, justement parce qu’elle est républicaine, indivisible, laïque et universaliste, est un obstacle majeur sur le chemin de ces extrémistes : elle propose un autre idéal de vie collective, à opposer au « vivre-ensemble », qui n’est qu’une cohabitation plus ou moins pacifique entre individus appartenant à des communautés fermées et à la guerre des sexes. C’est la « fraternité universelle », qui reconnaît la singularité de chacun et non son appartenance essentialisée à un sexe, une ethnie ou religion et qui privilégie ce qui nous fait semblables sur ce qui nous fait différents.

Un tel modèle est insupportable aux entrepreneurs de haine et de division du peuple en groupes essentialisés et fermés, ou, souvent les mêmes, aux tenants de la domination patriarcale, qui le combattent en priorité parce qu’il est une barricade face à leur pouvoir illégitime. D’où par exemple l’offensive particulièrement virulente à l’œuvre depuis 1989 dans la République française, de la part des islamistes.

Et puis à côté des « pays où il y a du racisme et du sexisme », en France moins qu’ailleurs, toutes les statistiques le démontrent, il y a des « pays racistes et sexistes ». C’est par exemple le cas de pratiquement tous les pays musulmans, de la Russie et des Etats-Unis. Construisez donc une église ou une synagogue à Alger, essayez une prière de rue musulmane à Moscou, tenez amoureusement la main d’un homme noir à Little Rock, promenez-vous cheveux aux vents si vous êtes une femme à Kaboul ou à Téhéran.

Alors plutôt que de tenter de défaire le seul idéal d’égalité absolue entre tous les êtres humains, la République indivisible, universaliste, laïque et sociale, aveugle aux ethnies, aux couleurs, aux religions, au sexe et au genre, il serait temps d’unir nos efforts pour le mettre en œuvre chaque jour avec plus de force et de vigueur.

Le burqini ne libère aucune femme, aucun homme. Il est une case gagnée par les suprémacistes islamistes dans le triste jeu de l’oie de l’intégrisme et de la division.

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