Les dérives du Planning familial

Le Planning familial n’a pas fini de faire parler de lui en nourrissant une polémique qui escamote ses missions premières, à savoir la santé des femmes, la maîtrise de leur corps et de leur sexualité.  

L’article publié en ligne, sur le site arrêtsurimage.net, « Planning familial : les anti-trans ʺcautions progressistes » des réacs » (Pauline Bock, 5/9/2022) cible les militantes féministes universalistes Marguerite Stern et Dora Moutot ainsi que des membres de « l’Observatoire de la petite sirène ». Les procédés utilisés relèvent d’allégations non fondées, sans preuves tangibles : il s’agit pour la journaliste de laisser entendre que ces militantes et ces membres sont « anti-trans » et naviguent dans la mouvance de « La Manif pour Tous », de l’extrême-droite, des milieux conservateurs, voire du complotisme.

Cette manière de faire est préoccupante pour tout citoyen soucieux non seulement des luttes pour les droits des femmes mais, plus universellement, attaché à la recherche de la vérité et à l’exercice rationnel et raisonnable du discernement. Car enfin, est-il encore possible, aujourd’hui, de considérer la différence des sexes comme un fait biologique et de questionner, au travers de débats sereins, cette notion quelque peu confuse d’identité de genre, sans se faire taxer de transphobie et être accusé d’appartenir à l’extrême-droite et aux mouvances les plus rétrogrades politiquement parlant ? Affirmer que seules les femmes, si elles le souhaitent, peuvent mettre au monde des enfants, parce que leur conformation anatomique et physiologique le permet, est-il devenu un sujet censuré aujourd’hui, passible de cyberharcèlement, de menaces de mort, de perte d’emploi voire de poursuite judiciaire ? Requérir auprès des pouvoirs publics un recadrage des missions du Planning Familial, l’abandon du lexique « trans » que ledit Planning a récemment mis en place en confondant action sociale et promotion de l’idéologie du genre, est-il de l’ordre d’une requête transphobe ?

Loin de stigmatiser les trans, qu’il nous soit permis de refuser avec vigueur les dérives idéologiques actuelles du Planning Familial qui perd de vue ses missions premières. Il en va de l’invisibilisation des femmes et des combats féministes universalistes, féminisme d’émancipation et non de revendications identitaires qui segmentent notre société. Lutter contre les stéréotypes de genre ne consiste pas à prétendre les déconstruire en les renforçant, en faisant des femmes les clichés ambulants de tout ce que leurs combats de toujours ont refusé avec détermination : être des objets, des fétiches fabriqués à partir d’une conception genrée exacerbée : la féminité, fantasmatique.

S’il est urgent de lutter contre les stéréotypes de genre, à commencer par l’école, ne faut-il pas aussi questionner la validité de la notion d’identité de genre qui fait référence à un « ressenti » intime, notion pour le moins obscure et fantasmatique.  Lutter contre ces stéréotypes ne consiste-t-il pas à retrouver la raison en se débarrassant de toute idéologie du genre ? Faute de quoi, comment continuer à enseigner les SVT (sciences de la vie et de la terre), comment continuer à enseigner la philosophie qui est le plus puissant antidote contre le sectarisme et contre l’obscurantisme ? Ne faut-il pas regarder avec attention où se trouvent les vecteurs de propagande et d’emprise sectaire qui, sur les réseaux sociaux, ont un fort impact sur des jeunes qui sont en devenir et qui se cherchent ? Est-ce là du complotisme ? N’est-ce pas simplement le devoir des adultes, parents, professionnels de l’éducation, législateur, de veiller à ce que nos jeunes puissent s’émanciper et non perdre de précieuses années de leur vie à écouter des discours idéologiques et à s’engouffrer, pour certains, dans des processus de transitionnement qui font comme s’il n’y avait pas mille et une manières d’être une fille ou un garçon, d’être une femme ou un homme, loin des stéréotypes, loin des fantasmes et des fétiches, à partir simplement d’une réalité biologique que tout humaniste prend pour sol (humus) afin d’y dessiner la forme la plus émancipée de son existence.

Valérie Soria, adhérente,
pour Unité Laïque

Télécharger le communiqué en PDF