La ville de Toulouse répond à l’initiative d’Unité Laïque

Extraits du discours de Jean-Luc Moudenc,
prononcé le 17 Juin à midi place Saint Etienne et rue Samuel Paty.

En baptisant cette rue du nom de Samuel Paty, je rends hommage à cet homme victime de la barbarie islamiste et aux valeurs de la république qu’il enseignait à l’école. L’école est un lieu à préserver pour construire les futurs citoyens de demain ; elle est le lieu où lutter contre l’obscurantisme islamiste.

Notre devoir est de transmettre chaque jour les principes qui rendent notre vie en commun possible.

Je voudrai rappeler les faits :

Samuel Paty est un professeur d’Histoire-Géographie, assassiné le 16 octobre 2020 à la sortie de son collège de Conflans-Sainte-Honorine. Son assassin est Abdoullakh Anzorov, un citoyen russe d’origine tchétchène âgé de 18 ans et qui bénéficie du statut de réfugié, accordé à ses parents alors qu’il était mineur. Il est abattu par la police quelques minutes après l’attentat.

Dix jours auparavant, Samuel Paty montre deux caricatures de Mahomet issues du journal satirique Charlie Hebdo lors d’un cours d’enseignement moral et civique sur la liberté d’expression avec ses élèves de quatrième. L’enseignant avait préalablement demandé aux élèves ne souhaitant pas regarder ces images de sortir de la salle de classe.

Cela provoque la colère du père d’une collégienne, lorsque sa fille lui en parle. Il s’avérera qu’elle ne participait pas au cours. Ce dernier, ainsi que le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, publient alors sur divers réseaux sociaux des vidéos dans lesquelles ils traitent Samuel Paty de « voyou » et de « malade ».

Son nom et l’adresse de l’établissement scolaire où il exerce sont divulgués sur les réseaux sociaux.

Le 16 octobre 2020 est une date qui a marqué à jamais la France tout entière. Ce jour-là, dans la rue devant le collège du Bois-d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine, l’horreur frappait ; La main de l’Islam radical touchait les valeurs les plus profondes de notre idéal démocratique et républicain.

Samuel Paty, ce professeur d’histoire-géographie, était ainsi assassiné puis décapité ; cet acte d’une violence inouïe percutait l’insouciance et l’innocence de nombreux élèves quittant leur établissement à la veille des vacances de la Toussaint.

En baptisant de son nom une rue dans notre ville, en plein cœur de ville, nous lançons un symbole fort ; cette rue est située entre la rue Riguepels et l’impasse de la Préfecture, devant la Cathédrale Saint Etienne et le Square Cardinal Jules-Géraud Saliège, Juste parmi les nations. Derrière cet enseignant, nous rendons hommage à nos libertés fondamentales qui fondent notre nation.

Nos valeurs ont subi des attaques par le passé et ont dû surmonter des heures sombres, plus que jamais nous devons les défendre ; c’est une promesse de l’école républicaine pour qu’elle soit un rempart contre toutes formes de barbaries, d’obscurantisme, de rejet de violence.

A proximité du square Cardinal Jules-Géraud Saliège qui symbolise la lutte contre le nazisme, le fascisme, le communisme comme ce fut le cas dans d’autre temps, la lutte contre l’islamisme est le combat de notre époque ; c’est un combat pour nos enfants pour qu’ils puissent vivre libres.

Notre ville a déjà rendu hommage à deux victimes du terrorisme islamiste, les noms figurent dans l’allée du square Cardinal Saliège :

  • Le Père Jacques Hamel, assassiné dans son église à Saint-Étienne-du-Rouvray, le 26 juillet 2016 ;
  • Le colonel Arnaud Beltrame, qui s’est sacrifié pour sauver les otages du Super U de Trèbes, le 23 mars 2018.

J’ai une pensée forte pour les enseignants et personnels éducatifs qui s’occupent de nos d’enfants dans nos écoles ; l’école est le creuset de notre République, le lieu de l’émancipation, où chacun peut accéder au savoir, à la culture et au sport. Préserver cette « Citadelle » où se forment les rêves et les destinées, qui se réaliseront par l’éducation et la formation, par les mérites et les talents est un devoir sacré.

Il faut que notre État soit ferme et assure la protection de nos « hussards noirs » comme les appelait Péguy. Au regard de cet enjeu de sécurité nationale, la difficulté du métier d’enseigner est devenue plus forte ; pourtant, elle n’a jamais été aussi nécessaire pour fonder dans les jeunes générations ce devenir de citoyens libres et éclairés.

La lutte contre le terrorisme islamiste n’est pas nouvelle et n’est pas finie ; Toulouse a été meurtrie dans sa chair par les attentats perpétrés sur son sol par Mohammed Merah, en 2012, à l’école Ozar Hatorah.

Depuis l’assassinat de Samuel Paty :  

  • Le 29 octobre 2020, à la basilique Notre-Dame –de-l’Assomption de Nice, 3 personnes sont assassinées alors qu’elles pratiquaient leur culte ;
  • Le 23 avril 2021, à Rambouillet, c’était une fonctionnaire de police, Stéphanie Montfermé, qui était assassinée ;
  • Le 22 novembre 2022, à Annecy, un policier est agressé lors d’une garde à vue.

Quand un Ministre dit que « l’appréciation du caractère religieux, ou pas, ce sont les chefs d’établissement qui doivent l’apporter » au sujet de l’abaya (habit considéré comme « islamique » couvrant entièrement le corps des femmes), il commet fondamentalement une erreur, c’est l’expression de la démission du courage républicain face à l’islamisme.

Notre République est une et indivisible, elle ne peut laisser un traitement à géométrie variable sur ce qui relève d’une atteinte à la laïcité ; arrêtons la naïveté et la complaisance à des fins électoralistes devant l’objectif clairement affiché du fondamentalisme religieux, qui est d’abattre les lois de la République pour les remplacer par les lois islamiques. L’urgence n’est plus seulement de combattre le terrorisme islamiste mais de combattre l’idéologie islamiste qui le nourrit et qui se développe sur les réseaux sociaux. Il faut donc combattre partout l’expansion idéologique de l’islamisme radical, notamment en ligne.

La haine sur les réseaux sociaux a joué un rôle dans l’assassinat de Samuel Paty. Je porte aussi ce combat pour un meilleur contrôle et pour lever l’anonymat sur internet.

En conclusion, c’est toute notre nation qui doit se lever et faire rempart. La laïcité n’est pas une fracture comme certains souhaiteraient l’entendre ou le faire penser, c’est au contraire le ciment de la liberté de croire dans le respect des uns et des autres ; Je reste attaché à ce que la laïcité permette aux religions de coexister en France.

Au nom du Conseil municipal, Je tiens à remercier chacun de sa présence et la présence des enfants du conseil municipal des enfants est un symbole fort de notre volonté de transmettre et de mener ce combat de toutes les générations.

Notre devoir est de transmettre chaque jour les fondements qui rendent notre vivre ensemble possible.

Malgré les meurtrissures nous vivons dans une nation qui a choisi la liberté et nous croyons au triomphe de notre modèle de tolérance.

Je vous remercie.

Jean-Luc Moudenc,
Maire de Toulouse

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