Lettre ouverte

Les enfants de minuit ne se couchent jamais !

Plus de trente ans après que l’ayatollah Khomeiny a lancé une fatwa contre l’écrivain Salman Rushdie, ce dernier a été la cible d’une tentative d’assassinat lors d’une conférence à New York vendredi 12 août 2022. Le temps qui s’est écoulé entre ces deux évènements peut nous paraître long. Il n’en est rien aux yeux vides desquels toute conscience éclairée est absente.

Tout est relatif dans ce monde parallèle où ignorance et dogmatisme règnent en maîtres incontestés. La liberté de conscience et la liberté d’expression, totems blasphématoires, y sont l’objet des haines les plus ignares et violentes.

Penser, écrire, lire. C’est agir. C’est, seul, se fondre avec l’autre, se confronter au monde pour mieux l’embrasser. La liberté de conscience et la liberté d’expression sont les fondements sans lesquels fraterniser est impossible. Penser, écrire, lire, faire acte d’art, c’est s’immerger dans l’altérité.

Le courant islamiste, se défiant du temps et de l’espace, cible toutes les voix porteuses de liberté pour tenter de les faire taire en les égorgeant. Ce courant mortifère porte les germes du plus terrible fascisme.

Ce fascisme est le même qui nourrit il y a peu l’idéologie nazie. Ne nous y trompons pas. La haine de la vie est la même. La négation de l’autre est la même. Un monde sans livres, sans musique, sans art ? Un monde d’autodafés dans lequel, comme nous l’expliquait il y a peu Diam’s devant un Augustin Trapenard bercé d’inconsistance, la musique n’a pas sa place ? Quel est ce monde sinon celui d’un fascisme sanguinaire qui nie toute expression de liberté…

« A quoi vise l’art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? » nous invite à penser Henri Bergson. Heureusement l’art, la littérature, se jouent aussi du temps et de l’espace. Leur durée est le mouvement car elle est la vie même. Immortelle tant que nous en sommes les garants et les passeurs.

Alors lisons, écrivons, dansons, écoutons, vivons… Défendons farouchement les libertés de conscience et d’expression en faisant vibrer haut et fort les voix bien vivantes de Salman Rushdie, Riss, Mann, Conrad, Zweig, Diderot, Voltaire, Molière, Khayyam, Homère, etc.

Les voix éternelles de l’humanité toute entière !

Thomas Schmittel pour le Chevalier de la Barre

15 août 2022