La leçon venue d’Iran

Elle marchait détachée, impavide, dévêtue, nimbée de lumière, tache de couleur au milieu de fantômes menaçants corsetés dans de lourds draps noirs. Son courage était pure folie, la folie du désespoir.

Sur un campus universitaire de Téhéran, pour un voile mal ajusté, une étudiante iranienne a été molestée par la police des mœurs liée aux gardiens de la révolution islamique. Puisqu’ils avaient déchiré ses vêtements, en un geste de défi, elle les a ôtés et s’est présentée aux yeux de tous en sous-vêtements, ses longs cheveux déployés sur ses épaules. Après de longues minutes de stupeur, elle a été embarquée manu militari pour être vraisemblablement internée dans un hôpital psychiatrique. Nous ne savons rien, ni de son sort, ni de son intégrité physique.

Ainsi en use-t-on dans les pays où un régime autoritaire, souvent aux abois, veut imposer par tous les moyens, même les plus extrêmes, la soumission de l’entière société. Le régime des mollahs iraniens en est l’illustration. Leur obsession de mater le mouvement « Femmes, Vie, Liberté » initié par des jeunes gens qui ont payé le prix du sang pour leur révolte, les conduit à briser la jeunesse de leur propre pays.

À l’heure où s’ouvre en France le procès des complices présumés de l’effroyable assassinat de Samuel Paty, le courage de cette jeune femme nous bouleverse et nous rappelle que le combat contre l’obscurantisme et la haine orchestrée par les Torquemada 2.0 est d’une actualité brûlante en France également.

Aussi, l’indécence d’une députée de la République française, qui, par cécité ou clientélisme, n’a pas hésité à ramener ce geste à la revendication de se vêtir selon son envie, affaiblit le message et la portée de cet acte de résistance. Cela ne peut que nous alerter sur notre fragilité voire notre pusillanimité face à ces offensives.

« Aube, la protagoniste, muette après qu’un islamiste, au cours des années noires de l’Algérie, eut tenté de l’égorger alors qu’elle était une enfant, se retrouve enceinte. Elle parle, de sa langue intérieure, au fœtus dans son ventre et s’adresse à lui, comme une évidence et une promesse, au féminin. : « Cet imam, comme tous les siens, me volait tout, mon corps, mon sexe, mon ventre. Le droit de rire nue comme une mouette au-dessus d’une plage.[…] Il me poussait dans ma tombe avec la certitude que j’étais aussi coupable que celui qui tenta de m’égorger. […] Je portais en moi, par toi, le contraire que cet homme portait dans son ventre. Je portais la vie, alors que lui, il t’attendait pour te dire de revenir dans l’obscurité du ventre ou de te voiler. »

Josiane Gasparini, membre d’Unité laïque