Vibrer au souvenir de Marc Bloch, lire son nom avec émotion

« Je suis juif, sinon par la religion, que je ne pratique point, non plus que nulle autre, du moins par la naissance. […] Je ne revendique jamais mon origine que dans un cas : en face d’un antisémite » (L’étrange défaite, 1940).

La décision d’Emmanuel Macron de faire entrer l’historien et résistant Marc Bloch au Panthéon a été annoncée à Strasbourg le samedi 23 novembre 2024, à l’occasion de la commémoration des 80 ans de la Libération de la ville. Cette annonce a été faite dans le cadre prestigieux du Palais Universitaire, construit par les Allemands et inauguré avec faste par l’empereur Guillaume 1er de Prusse en 1884. Ironie de l’histoire, la famille de Marc Bloch, originaire de Fegersheim dans le Bas-Rhin,  avait fait le choix courageux, après la défaite de 1870, de rester fidèle à la France des Lumières et de l’universalisme en quittant l’Alsace devenue allemande.

Ce n’est qu’en 1927 que Marc Bloch, pourra renouer avec ce pan de son histoire familiale, en obtenant un poste de professeur d’histoire du Moyen-Âge à la faculté de Strasbourg redevenue entre-temps française. Lors de l’offensive allemande de mai 1940, il s’engage dans l’armée française jusqu’à l’armistice du 22 juin. C’est pendant l’été 1940, qu’il rédige son livre de témoignage, publié après sa mort sous le titre de L’étrange défaite et qui analyse les errements de la Troisième République et les germes de la débâcle.

En octobre 1940, il est exclu de la fonction publique, parce que juif, par le gouvernement de Vichy. C’est par un décret exceptionnel qu’il pourra néanmoins enseigner en 1941 à la faculté de Strasbourg réfugiée à Clermont Ferrand, en zone libre.

En 1943 après l’invasion de la zone Sud, Marc Bloch, alors âgé de 57 ans, s’engage dans la Résistance dont il devient l’un des chefs pour la région lyonnaise. Il est arrêté par la Gestapo en 1944, interné à la prison de Montluc et torturé comme le fut Jean Moulin. Il mourra fusillé aux côtés d’autres résistants, fidèle à ses idéaux. 

Unité Laïque, qui a tant œuvré pour l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian et de ses compagnons résistants FTP-MOI, salue avec respect cette décision qui honore les combats d’un grand historien, d’un homme libre, d’un humaniste. En ces temps troublés, où les repères se dissolvent, où les vérités scientifiques sont contestées au nom d’un relativisme affligeant, où les concurrences mémorielles conduisent à des affrontements stériles et dévastateurs, où l’obscurantisme religieux et le complotisme se répandent, où l’antisémitisme se déchaîne, la figure de Marc Bloch nous rappelle que la connaissance, la transmission des savoirs, le courage et la résistance aux vents mauvais de la haine de l’Autre, sont le ciment de nos sociétés démocratiques.

Zone de Texte: Unité Laïque est une association qui a pour objet la défense, la promotion et le développement de la laïcité et des principes républicains en France, dans l’Union européenne et dans les instances internationales et supranationales.
Elle attache une importance particulière au maintien et au respect de la laïcité dans les institutions de l’État et dans les collectivités territoriales. Elle œuvre à l’unité des laïques.

A un grand homme de la République qui, en des temps maudits,  fit le choix d’être français, laïque et universaliste,  la patrie reconnaissante.

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