Boualem Sansal 8 jours en prison en Algérie

La place de Boualem Sansal n’est pas en prison mais sous la coupole.

En exergue de son roman « Le village de l’Allemand » Boualem Sansal écrivait : [Dans ces pages] « il y a des parallèles dangereux qui pourraient me valoir des ennuis. Je m’en fiche, ce que j’avais à dire, je l’ai dit, point, et je signe ».

Ce sentiment de danser sur un volcan ne le quittait pas mais, contrairement à Kamel Daoud, son compatriote et ami, Boualem Sansal, malgré sa critique sans retenue du pouvoir algérien, n’était pas interdit de séjour en Algérie où il se rendait régulièrement. Aucune plainte n’avait été déposée contre lui. Pourtant, les autorités algériennes ont considéré que l’écrivain devait être embastillé et mis au secret dès sa descente d’avion à Alger, sans pouvoir joindre ni sa famille ni un avocat en violation du droit le plus élémentaire. Quel crime aurait commis cet homme libre, qui avait choisi la langue française pour construire une authentique œuvre littéraire et qui avait acquis récemment la nationalité française ?  L’agence de presse publique algérienne (APS), dans un communiqué d’une violence inouïe, a fustigé les positions « révisionnistes » et pour faire bonne mesure « prosionistes » de ce « pseudo-intellectuel » qualifié de « pantin utile » d’un prétendu lobby anti-algérien en France.

On se serait pris à espérer qu’au pays de Voltaire et de Charlie, tous les intellectuels, artistes, universitaires se lèvent comme un seul homme et d’une seule voix dénoncent cette arrestation ignoble. Las ! C’est la gêne qui s’est installée dans les rangs d’une partie d’entre eux qui, en d’autres circonstances, érigent la liberté d’expression en vertu cardinale. Qu’a fait Boualem Sansal pour mériter cette tiédeur ? Il est soupçonné, rien de moins, d’avoir des accointances avec l’extrême droite et peut-être même d’être islamophobe. La preuve, il critique l’islamisme, il se réclame de l’athéisme et de la laïcité, il va même jusqu’à prôner le dialogue sans tabou avec les hommes de bonne volonté au point de s’être rendu à Jérusalem à l’occasion d’un salon littéraire.

À ceux-là, Boualem Sansal avait déjà répondu en 2017 « Je n’ai jamais dit quoi que ce soit contre l’islam qui justifierait cette accusation,  […] ce que je n’ai cessé de dénoncer, c’est l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques et sociales ».  Il est vain de lutter contre ceux qui pensent détenir une vérité indiscutable au point de ne plus savoir penser.

D’autres, ont heureusement, résisté à ce terrorisme de la calomnie et ont dénoncé l’arrestation brutale de cet homme fragile de 75 ans, dont les seules armes sont sa plume et son humanité. Citons  de nombreux académiciens – qui demandent son élection à l’Académie Française,  des scientifiques (Boris Cyrulnik), des écrivains et non des moindres (Kamel Daoud, Tahar Benjelloun, Annie Ernaux), des hommes politiques de la droite aux socialistes (Édouard Philippe, Jérôme Guedj, Mickaël Delafosse, Carole Delga, Laurence Rossignol,…). Mais c’est insuffisant, il faut désormais se mobiliser et trouver toutes les voies diplomatiques, politiques, médiatiques, citoyennes pour exiger et obtenir la libération de ce grand écrivain dont l’œuvre honore ces deux grands pays indéfectiblement liés que sont la France et l’Algérie. Unité Laïque s’y emploiera avec ardeur.

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