Unité Laïque
Le décolonial, doctrine de l’obsession raciale

Pierre-André Taguieff, L’imposture décoloniale. Science imaginaire et pseudo-antiracisme, L’Observatoire, 2020, 352 p., 21 €

Philosophe, politiste, historien des idées, Pierre-André Taguieff est un auteur prolifique. Il se lance dans ce volume à l’assaut des discours décoloniaux.

Spécialiste du racisme et de l’antisémitisme, du populisme et du complotisme, Taguieff a publié une quarantaine d’ouvrages qui se caractérisent tous ou presque par la grande quantité de références citées. Celui-ci ne fait pas défaut, qui propose d’abondantes notes de bas de page, témoignant encore une fois d’un impressionnant effort de documentation.

C’est donc à la pensée et aux théories décoloniales que s’attaque Pierre-André Taguieff dans ce volume roboratif qui propose une exploration très instructive de cet univers aux nombreuses ramifications et connaissant un développement massif depuis quelques années dans l’hexagone. Difficile de trouver une définition qui mette d’accord la nébuleuse décoloniale dans son ensemble, mais on pourra considérer que cette théorie définit l’emprise du colonialisme sur les structures, les comportements et les imaginaires contemporains. Pour l’auteur, il s’agit rien moins que d’une imposture, dont il explique l’absence de base scientifique pour en fustiger à l’inverse le caractère militant et les postulats biaisés.

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Itinéraire d’un ex-homme noir

Thomas Chatterton Williams, Autoportrait en noir et blanc. Désapprendre l’idée de race, Paris, Grasset, 224 p., 19,50€

Ecrivain, journaliste et critique américain, résidant aujourd’hui en France, Thomas Chatterton Williams propose dans son dernier livre, Autoportrait en noir et blanc, de « désapprendre l’idée de race ».

Aux Etats-Unis, le concept de race est une donnée permanente. Société profondément et anciennement communautarisée, elle classifie les personnes selon leurs origines sans que personne -ou presque- ne s’en offusque. On sera dès lors d’autant plus attentif à la lecture que fait un Américain de cette réalité. Il explore en effet le débat théorique à la lumière de sa vie propre et de ses expériences personnelles. Issu d’un père noir et d’une mère blanche, ayant épousé une femme blanche -et française-, père d’une fille blanche, Thomas Chatterton Williams propose donc dans ce livre des allers-retours permanents entre son existence et les leçons idéologiques qu’il en retire.

L’auteur détaille les procédures qui obligent les citoyens américains à se retrouver dans les classifications ethno-raciales, à partir des recensements de population notamment. Depuis le début du millénaire, on peut même se déclarer « biracial » alors qu’auparavant il fallait impérativement sélectionner une seule des catégories proposées. « Le problème de la différence raciale en Amérique est toujours présenté comme étant d’ordre économique, politique, biologique ou culturel. Mais je prétends que ce désastre se joue au moins autant sur le plan de la philosophie ou de l’imaginaire », objecte Thomas Chatterton Williams.

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Quand la Gauche s’éloigne des Lumières

Stéphanie Roza, La Gauche contre les Lumières ?, Paris, Fayard, 2020, 208 pages. Prix 18 €

Stéphanie Roza examine dans son dernier livre les attaques dont l’héritage des Lumières est l’objet de la part de la gauche. Ces critiques, la philosophe les juge d’une « radicalité inouïe » et visant « le cœur même de l’héritage », mettant en cause avec une égale vigueur les trois piliers de ce legs du XVIIIe siècle : le rationalisme, le progressisme et l’universalisme. Elle s’efforce d’en identifier les sources tout en reliant celles-ci à leurs expressions contemporaines.

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Génération offensée

Caroline Fourest, Génération offensée, Grasset, 2020, 162 p., 17 €

De la police de la culture à la police de la pensée. C’est le sous-titre de ce livre de Caroline Fourest, qui narre « l’histoire de petits lynchages ordinaires qui finissent par envahir notre intimité, assigner nos identités, transformer notre vocabulaire et menacer nos échanges ».

Nous avons probablement tous en tête le souvenir de tel spectacle censuré ou de telle production littéraire contestée. L’un des mérites de ce livre consiste déjà à en dresser sinon une liste exhaustive du moins à illustrer le propos à travers de nombreux cas d’école. Pour y avoir enseigné, pour s’y rendre fréquemment, l’éditorialiste et réalisatrice Caroline Fourest évoque souvent la réalité de l’Amérique du Nord. Les Etats-Unis et le Canada préfigurent ce que l’Europe vivra un peu plus tard tant l’imprégnation culturelle du Nouveau monde sur le Vieux Continent est considérable.

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