Pour quoi nous battons-nous ?

Ba-ta-clan : jeu de mot de Jacques Offenbach,
imitant les sonorités d’une langue chinoise d’opérette en séparant le mot en trois syllabes.

Sens original, du picard « pataclan » : grand remue-ménage, bruit d’un corps qui tombe…

Les victimes du Bataclan

Le 13 novembre 2015, dix mois après Charlie, alors que les Français encore sous le choc de l’assassinat des joyeux compères de la rue Nicolas-Appert, des juifs de l’Hypercasher er des policiers qui étaient sur le chemin des tueurs, commençaient à assimiler ce qui leur était arrivé, l’horreur recommença, décuplée.

Cette fois, les islamistes ne visaient plus des caricaturistes de presse, des juifs ou des représentants de l’ordre, symboles de leur détestation du monde. C’est le peuple-même qu’ils frappaient, même s’il n’est pas indifférent que le lieu principal du massacre, le Bataclan, appartînt à des propriétaires déjà menacés parce que juifs.

Au Stade de France, aux terrasses des cafés populaires du XIe arrondissement, dans l’enceinte de la salle de plaisir devenue abattoir, des tueurs froids, posés, fanatisés, exécutèrent leur mission, fanatiquement, posément, froidement.

Le procès en cours de ceux qui ont survécu, comparses, ou lâche pour le principal prévenu, nous dit un peu plus chaque jour la cruauté des uns, le courage, l’héroïsme des autres, la misère, la peine incommensurable, la colère aussi des victimes et de leurs familles. Il nous dit tout, aussi, de la solidarité et de l’humanité des survivants.

La lutte sans merci, sans faiblesse, sans détour que nous devons mener contre le fanatisme de l’islamisme, contre la volonté haineuse d’imposer des règles barbares à notre société, est aussi une lutte contre nous-mêmes. Nous devons triompher de nos propres peurs et de l’autocensure, mais aussi de la tentation d’aller chercher un improbable soulagement dans un autre fascisme, qui se présente désormais sous les aspects les plus paradoxaux et les plus civilisés, mais dont l’avènement serait au bout du compte une autre forme de victoire pour les islamistes.

Les membres d’Unité Laïque sont solidaires de toutes les victimes et de leurs familles. Ils appellent de leurs vœux et soutiennent un combat sans faiblesse contre les cauchemars et les désastres de l’islamisme, doctrine fanatique, obscurantiste et inhumaine. Ils affirment que l’idéal de la République laïque doit être préservé comme l’objet-même de la lutte que nous menons. A quoi servirait notre combat s’il barrait la route aux fanatiques religieux pour l’ouvrir aux extrémistes politiques ?

Lorsqu’une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? Ce sont d’ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains ; ils ressemblent à ce Vieux de la Montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu’ils iraient assassiner tous ceux qu’il leur nommerait.

Voltaire, Dictionnaire philosophique

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