Revivez en intégralité « L’Heure libre », l’émission de Stephane Simon, en présence des invités : Jean-Rémi Girard -président du SNALC National-, Jean-Pierre Sakoun -président d’Unité Laïque-, Alexandre del Valle -géopolitologue- et André Bercoff -journaliste et écrivain né au Liban-.
Ce vendredi 27 septembre, l’espace Samuel-Paty a été inauguré, quatre ans après l’assassinat du professeur au collège du Bois-d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines. Un devoir de mémoire destiné aux jeunes.
« Réunissant centre d’information et d’orientation, centre médico-scolaire et ludothèque, ce bâtiment rénové au cœur du Polygone était le lieu idéal pour rendre hommage à cet enseignant victime de l’obscurantisme. «
La place située devant le lycée Charles-Despiau portera désormais le nom du professeur d’histoire assassiné le 16 octobre 2020 devant le collège où il enseignait, dans les Yvelines.
Nicolas Daragon, Maire de Valence, a rendu hommage au professeur Samuel Paty, assassiné par un intégriste islamiste le 16 octobre 2020, avec un discours engagé prononcé lors de l’inauguration de l’Espace Samuel Paty à Valence.
Ce nouvel Espace Samuel Paty, inauguré le 27 septembre 2024 par le Maire de Valence Nicolas Daragon, regroupe des services destinés à la jeunesse : une ludothèque, le centre médico-scolaire et le Centre d’Information et d’Orientation.
Parmi les nombreuses personnes qui ont assistées à cette inauguration, étaient présentes le secrétaire général de la Préfecture de la Drôme, Cyril Moreau, le directeur académique des services de l’Éducation nationale, Pascal Clément, le directeur de la Caisse d’Allocations familiales de la Drôme et les Président et Secrétaire générale d’Unité Laïque, Jean-Pierre Sakoun et Aline Girard.
Le maire de Castelsarrasin a inauguré, ce vendredi 20 septembre, une place au nom de Samuel Paty devant le lycée Jean-de-Prades, situé route de Toulouse. Une initiative portée par l’Unité Laïque.
En présence du sénateur Pierre-Antoine Levi, de la députée Marine Hamelet, de Florian Bieth, inspecteur de l’Éducation nationale et du principal du lycée Jean-de-Prades Alain Moyat, Jean-Philippe Bésiers a tenu à rappeler que ce rendez-vous s’inscrit dans le cadre de l’initiative « Honorer Samuel Paty, honorer la République« , lancée en juin 2023 par l’association L’Unité Laïque.
La Commune de Castelsarrasin a rendu hommage au professeur d’histoire-géographie Samuel PATY, assassiné le 20 octobre 2020 pour avoir dispensé un cours sur la liberté d’expression à ses élèves de 4°, en inaugurant une place à son nom devant le lycée Jean-de-Prades.
Cette cérémonie, présidée par le Maire et Conseiller Départemental Jean-Philippe BESIERS, s’est déroulée le vendredi 20 septembre, en présence du Sénateur Pierre-Antoine LEVI, de la députée Marine HAMELET, d’élus de la ville, de l’Inspecteur de l’Education Nationale Florian BIETH, des représentants de l’Unité Laïque, du principal du lycée Jean-de-Prades Alain MOYAT et de professeurs et élèves, des représentants des forces de l’ordre, de bénévoles associatifs et de Castelsarrasinois.
Suite à la sollicitation de l’Unité laïque et son initiative « Honorer Samuel Paty, honorer la République », la Ville de Castelsarrasin renommera une place au nom de l’enseignant.
Vendredi 20 septembre 2024, la Ville de Castelsarrasin honorera la mémoire de Samuel Paty, assassiné le 16 octobre 2020 par un terroriste islamiste. Une place portera désormais son nom dans la commune du Tarn-et-Garonne.
Discours introductif de Daniel Benichou, Président de l’association « Le Chevalier de la Barre ».
Le Chevalier de la Barre fut célébré, pour la première fois, lors de la grande Révolution, à l’occasion d’une Fête de la Raison et de la Vérité qui eut lieu à Abbeville, lieu du « blasphème », le 10 décembre 1793.
Raison et Vérité. Ces deux idéaux politiques des Lumières. Et c’est cet héritage, celui de la raison comme guide de la vie de la Cité et celui de la vérité due au peuple souverain par ses dirigeants élus, qui mène à la liberté. D’autant que cette vérité s’est émancipée des croyances religieuses, ces « vérités » imposées, qui brûlaient ceux qui disaient que la Terre tournait autour du Soleil ou que l’Homme était un proche cousin du singe…
C’est donc sous la protection de la liberté politique que, depuis, nous avons vécu en Républicains, essayant sans cesse de nous déterminer par la raison et de rester au plus près de la vérité.
Mais depuis quelques décennies, des évolutions majeures se sont produites, qui ébranlent nos libertés, même dans un vieux pays démocratique comme la France. Et cet ébranlement prend des formes contradictoires, dans une sorte de tenaille.
D’une part, les réseaux sociaux ont permis l’émergence d’un complotisme généralisé, de vérité alternatives, qui viennent contredire le réel, l’habiller d’oripeaux effroyables, antisémitisme, antimaçonnisme, intégrisme religieux, pour « expliquer le monde ».
D’autre part le triomphe de l’individualisme comme aspiration ultime des êtres humains, a peu à peu donné la priorité aux exigences de chacun, qui ne peuvent plus trouver la moindre limite. Chaque désir doit être immédiatement transformé en un droit. Et s’opposer à ce droit c’est être un dictateur !
Et bien sûr, les deux branches de cette tenaille agissent de concert. Les complotistes, les intégristes, ont tôt fait de s’emparer de ce droit de vouloir n’importe quoi pour en faire le cheval de Troie de leurs tactiques contre la raison et la vérité, contre la liberté.
Cette évolution est visible chaque jour. Prenons le cas de l’offensive du burqini dans les piscines publiques : on travestit sous le « droit des femmes à porter le vêtement de leur choix », (droit qui serait issu sans doute de leur désir soudain de ne plus bronzer !), la pression religieuse sur le corps des femmes et en particulier des femmes musulmanes, qui doivent être soumises, dérobées au regard des hommes et devenir ainsi l’étendard de la domination islamiste sur les hommes et les femmes de culture ou de religion musulmane, et aussi sur l’espace public.
Or notre République, parce qu’elle est bâtie sur l’idéal du citoyen souverain et donc libre, exige l’émancipation de tous. Elle défend d’abord les droits collectifs. Parce que ce sont ces droits à l’égalité, à la solidarité, à la liberté de conscience, à la liberté d’expression, qui font avancer ensemble tous les citoyens et qui leur permettent d’atteindre collectivement la liberté, dont chacun profite.
C’est pourquoi, plus que les pays d’Europe du Nord, plus que les pays anglo-saxons, dont la culture communautariste et religieuse fournit aux individus les repères collectifs dont ils ont besoin comme tout être humain, et qui donc peuvent se livrer aux fantasmes de la toute-puissance du désir face à la loi, la France subit de plein fouet ces évolutions, n’ayant à leur opposer que sa volonté d’émancipation des Hommes devenus ainsi des citoyens, tout le reste étant de l’ordre du privé.
Et si, du fait de l’effondrement des aspirations à la Raison et à la Vérité sous la pression du complotisme, de l’affect et de l’individualisme, l’émancipation collective des Français, cette forme la plus élevée d’accès à la liberté, disparaît, c’est toute notre histoire de progrès humain qui disparaîtra avec elle.
Défendons la loi démocratique ; défendons la solidarité, défendons l’égalité, contre la boursouflure des egos, contre le retour des superstitions, contre le complotisme, contre les fake news.
C’est comme cela que nous illustrerons notre devise républicaine, liberté, égalité, fraternité, et son principal vecteur, la laïcité.
Oui, nos ancêtres révolutionnaires avaient bien raison de rappeler le martyre du Chevalier de La Barre. Oui ils avaient bien raison de placer cette première commémoration sous la double égide de la Raison et de la Vérité.
Parce que sans la Raison, sans la recherche de la Vérité, les monstres qui se cachent au cœur des Hommes abandonnés se réveilleront et c’est leur propre liberté qu’ils sacrifieront comme l’Église sacrifia Le Chevalier.
Café Laïque du 20 Avril 2022 Grand Témoin : Naëm Bestandji
Certains thèmes, celui-ci n’en est pas le moindre, sont aujourd’hui confisqués voire détournés par des courants extrêmes et il est plus que nécessaire de s’en saisir en apportant un éclairage net pour ouvrir le champ du débat à une discussion de fond. C’est tout le geste de Naëm Bestandji, militant féministe, laïque et universaliste et auteur d’un livre Le linceul du féminisme : caresser l’islamisme dans le sens du voile.
Invité à venir expliquer et débattre toute la construction intellectuelle qui anime sa pensée, Naëm Bestandji a développé un propos apaisé, clair et engagé durant ce café laïque organisé le mercredi 20 avril 2022 à Paris par le Chevalier de la Barre, ainsi qu’Unité Laïque.
La question du voile revient régulièrement dans le débat public. Cet objet prosélyte, patriarcal et liberticide cristallise aujourd’hui encore ce penchant désormais permanent de notre société à l’hystérisation stérile dont tous les petits commerçants des extrêmes, de l’identitarisme et de l’essentialisation tirent profit pour leur entreprise destructrice.
Car quelle question de fond, dissimulée, est en permanence posée aujourd’hui ? Que voulons-nous construire, et de quelle manière ? Comme l’explique Naëm Bestandji, la laïcité, à chaque fois qu’elle est brandie, est immédiatement retournée contre celles et ceux qui l’utilisent pourtant avec une intention vertueuse. Et c’est finalement, de manière peut-être contre-intuitive, une bonne chose. Car les arguments avancés alors nous éloignent de l’essentiel. La question du voile ne concerne pas que nos concitoyens de confession musulmane bien sûr. La question posée concerne en fait toutes les religions quelles qu’elles soient, dans la mesure où celles-ci soumettent les femmes. La Pologne, pays catholique et réactionnaire, ne connaît-elle pas actuellement une période sombre qui voit des femmes dénoncées, poursuivies et emprisonnées pour avoir eu recours à l’IVG ?
Aujourd’hui une minorité d’extrémistes, islamistes, confisquent, tout comme leur pendant d’extrême-droite, toute possibilité de débattre de la seule question qui doive être brandie : le féminisme. L’égalité de droit des femmes. Ce droit qui ne doit en aucun cas leur être contesté de pouvoir, en toute liberté, disposer de leur corps. Le voile symbolise, peut-être plus que tout autre aujourd’hui, cette oppression. Cette visibilité doit nous rendre alerte et nous engager à combattre toutes les formes d’injustice et d’oppression faites aux femmes.
L’argument avancé que l’ouverture d’esprit se doit justement de défendre les femmes qui font le choix, bien souvent imposé, de se soumettre, ne tient pas. Il se fracasse contre ceux qui projettent de soumettre et n’accepteront en aucun cas qu’aucune voix discordante ne puisse s’exprimer à leur encontre. Les exemples du passé et actuels sont trop nombreux pour détourner le regard de ce qui peut advenir. L’Afghanistan abandonné aux fous de dieu, la guerre civile des années 90 en Algérie, la Pologne aujourd’hui, etc. Partout où l’on soumet les femmes, la barbarie rugit.
Ce combat pour le féminisme est aujourd’hui un combat primordial. C’est celui de la citoyenneté, de la mixité, de l’égalité. C’est un combat contre l’individualisme forcené, contre le séparatisme sous toutes ses formes, contre l’égalitarisme inclusif. Les idiots utiles ne manquent pas qui contrarient chaque jour ce combat juste. Alors ne lâchons rien et portons-nous à défendre avec pugnacité les droits des femmes, aidés du beau geste et du mot juste.
Plus de trente ans après que l’ayatollah Khomeiny a lancé une fatwa contre l’écrivain Salman Rushdie, ce dernier a été la cible d’une tentative d’assassinat lors d’une conférence à New York vendredi 12 août 2022. Le temps qui s’est écoulé entre ces deux évènements peut nous paraître long. Il n’en est rien aux yeux vides desquels toute conscience éclairée est absente.
Tout est relatif dans ce monde parallèle où ignorance et dogmatisme règnent en maîtres incontestés. La liberté de conscience et la liberté d’expression, totems blasphématoires, y sont l’objet des haines les plus ignares et violentes.
Penser, écrire, lire. C’est agir. C’est, seul, se fondre avec l’autre, se confronter au monde pour mieux l’embrasser. La liberté de conscience et la liberté d’expression sont les fondements sans lesquels fraterniser est impossible. Penser, écrire, lire, faire acte d’art, c’est s’immerger dans l’altérité.
Le courant islamiste, se défiant du temps et de l’espace, cible toutes les voix porteuses de liberté pour tenter de les faire taire en les égorgeant. Ce courant mortifère porte les germes du plus terrible fascisme.
Ce fascisme est le même qui nourrit il y a peu l’idéologie nazie. Ne nous y trompons pas. La haine de la vie est la même. La négation de l’autre est la même. Un monde sans livres, sans musique, sans art ? Un monde d’autodafés dans lequel, comme nous l’expliquait il y a peu Diam’s devant un Augustin Trapenard bercé d’inconsistance, la musique n’a pas sa place ? Quel est ce monde sinon celui d’un fascisme sanguinaire qui nie toute expression de liberté…
« A quoi vise l’art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? » nous invite à penser Henri Bergson. Heureusement l’art, la littérature, se jouent aussi du temps et de l’espace. Leur durée est le mouvement car elle est la vie même. Immortelle tant que nous en sommes les garants et les passeurs.
Alors lisons, écrivons, dansons, écoutons, vivons… Défendons farouchement les libertés de conscience et d’expression en faisant vibrer haut et fort les voix bien vivantes de Salman Rushdie, Riss, Mann, Conrad, Zweig, Diderot, Voltaire, Molière, Khayyam, Homère, etc.
Café Laïque du 23 Novembre 2022 Grand Témoin : David Di Nota
Le Laïcité Social Club était plein pour cette soirée, preuve s’il en est que la liberté de conscience et la liberté d’expression font partie de notre ADN républicain et que, quelques soient les horizons dont nous venons, nous y sommes tous viscéralement attachés. David Di Nota avait d’ailleurs répondu avec enthousiasme à notre invitation.
Romancier, essayiste, philosophe, docteur en sciences politiques, lui aussi, au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty, a ressenti ce terrible et sanglant attentat contre l’Ecole de la République comme un tournant d’une force symbolique sans égale. Il s’en est saisi pour écrire son livre enquête, contre-enquête de celle menée par l’Education Nationale qui s’est soldée par ce pas de vague duquel cette institution est désormais hélas coutumière.
Dans ce livre David Di Nota montre comme la bienveillance truquée de l’administration assure dès le début à Samuel Paty la présomption de culpabilité. Mais aussi comme la procédure se change rapidement en verdict. C’est là que s’établit le parallèle avec le Procès de Kafka. Implacable.
Samuel Paty a été assassiné par un islamiste. Mais, comme le montre David Di Nota, Samuel Paty a aussi été assassiné par la Rumeur qui gangrène notre société et que véhiculent l’islamisme bien sûr mais aussi le racialisme, le décolonialisme, le victimisme…
Dès le 16 octobre 2020, David Di Nota décide de se plonger dans les faits, précis, et projette alors d’en faire le récit intégral. Les faits, rien que les faits. Il s’appuiera pour ce faire sur les rapports de l’administration, sur les témoignages. Plus il creuse plus le constat est terrible et implacable. Samuel Paty, coupable de rien, est responsable de tout aux yeux de beaucoup.
Cet assassinat dit beaucoup de nous, de nos renoncements collectifs en premier lieu desquels notre capacité à cibler, dénoncer et combattre le djihad d’atmosphère, l’islamisme dont l’agenda politique et social se joue de nos lâchetés. Nos contradictions politiques nous affaiblissent et abandonnent celles et ceux qui, défendant corps et âme nos libertés, se trouvent à leur merci.
La démarche intellectuelle de David Di Nota s’appuie sur une éthique essentielle : ne rien taire du moment que tout ce qui est énoncé est vrai. L’histoire de l’assassinat de Samuel Paty s’étale sous nos yeux incrédules. La consultation des pièces administratives est sans appel. Le diable se niche dans les détails et le devoir de vérité guide l’enquête. Comment ne pas être choqué par la réaction de certains syndicats, de certains intellectuels, comme François Héran, ou même Jean-Fabien Spitz, qui nient l’état de droit, les contractualistes, notre liberté de conscience, et tentent d’assassiner ainsi la mémoire de Samuel Paty. Non. Nous sommes les cimetières de ceux que nous aimons, de ceux que nous estimons. La douleur est incurable mais Samuel Paty reste à jamais vivant tant que ce travail de mémoire, d’instruction est l’objet de notre inlassable transmission.
Le parallèle avec l’affaire Dreyfus émerge car, au fur à mesure que les anomalies, les erreurs s’accumulent au sein de la chaîne administrative, avant et après l’assassinat de Samuel Paty, un objectif apparaît, terrible. Confirmer le mensonge. Le livre enquête de David Di Nota permet de le déconstruire au contraire. Non Samuel Paty ne s’est jamais excusé. Oui le référent laïcité aura joué un rôle néfaste. Oui un procès, dans le cadre antiterroriste, se fera. Non la plainte déposée de la famille de Samuel Paty pour non-assistance à personne en danger n’est hélas pas sûre d’être instruite. C’est pourtant l’enjeu ici essentiel. Oui le courage politique est essentiel. Oui il en va de notre République car ce qui se joue est ici crucial : défendre l’émancipation que permet l’idéal, plus que jamais à construire, d’une République indivisible, démocratique, laïque et sociale. Ce que défendent les intellectuels du délit de blasphème cités précédemment c’est le projet de l’individualisme forcené, du communautarisme sécessioniste. C’est le néo-tribalisme en lieu et place de la citoyenneté.
La France, cette nation à laquelle on adhère par le cœur et la raison autant que par les racines, que Lévinas décrit en quelques mots, c’est aussi celle dans laquelle le visage, cette invitation à partager la responsabilité de l’altérité dans une rencontre de nos mises à nu, doit pouvoir être regardé en face, avec lucidité. David Di Nota nous invite, au travers des évènements, à nous regarder en face. Nous nous devons à nous-mêmes de le faire avec le regard droit et, malgré la vision difficile à soutenir parfois, enthousiaste. Nous le devons à Samuel Paty.
Daniel Benichou a reçu le 8 décembre 2022 le Prix de la Laïcité du Grand Chapitre Général, remis par son Très Sage et Parfait Grand Vénérable Philippe Guglielmi, en présence du Grand Maître du Grand Orient de France Georges Sérignac.
8 décembre 2022 Prix de la Laïcité du Grand Chapitre Général
Discours de Daniel Benichou président du Chevalier de la Barre
Discours de Daniel Benichou lors de la remise du Prix Laïcité du Grand Chapitre Général.
Monsieur Le Ministre, Grand Maitre, très sage et Grand Vénérable, mon cher Philippe, et vous tous chers amis.
Je tiens à vous faire part de toute mon émotion de recevoir ce prix de la laïcité remis par mes pairs….
Après des personnalités telles que Robert Badinter, Simone Veil, Jean Louis Debré, Marlène Schiappa ou Patrick Kessel, je n’ai pas l’outrecuidance de penser que c’est ma personne qu’on honore aujourd’hui car je me considère comme un militant de base, un ouvrier spécialisé de la laïcité.
Je pense que cet honneur revient d’avantage à l’association « Le Chevalier de La Barre » dont j’ai le bonheur d’assurer la présidence depuis plus de vingt ans maintenant. Notre association qui a pour mission, entre autres, de porter la mémoire de François-Jean Lefebvre, Chevalier de La Barre.
Ce jeune homme de dix-neuf ans fut effroyablement supplicié par l’Eglise. Que reprochait-on à ce jeune fêtard, sortant d’une taverne ? De ne pas saluer la procession religieuse lors de la Fête-Dieu ….
De plus, lorsqu’on découvre, après perquisition dans sa chambre, deux livres érotiques et le « Dictionnaire Philosophique » de Voltaire, le coupable idéal des nombreuses infractions anonymes à la religion constatées à Abbeville dans les semaines précédentes, était trouvé.
Malgré plusieurs recours, le chevalier est décapité le 1er juillet 1766 et son corps jeté aux flammes avec l’exemplaire saisi du « Dictionnaire Philosophique ».
Il fut le dernier martyre officiel en France, pour blasphème.
« L’histoire ne nous dit pas le sort réservé par l’église aux livres érotiques …. »
L’aventure de créer cette association a débuté ici-même, au 4ème étage, dans la salle du Conseil de l’Ordre par la volonté du Grand Trésorier de l’époque, Christian BOULMIER auquel je rends hommage, qui se désolait de voir le socle vide de la Statue du Chevalier de La Barre au pied du Sacré Cœur.
La première statue réalisée par le sculpteur Armand Bloch, fut érigée devant l’église du Sacré Cœur à Paris, le 3 septembre 1905, à la suite d’une souscription populaire annonciatrice de la future loi de séparation des églises et de l’état.
Elle représentait le Chevalier de la Barre en martyr, enchaîné et supplicié.
Vide depuis 1941, par l’expression de la mansuétude du Gouvernement de Vichy pour aider un pays en voie de développement, «l’Allemagne Nazie » dans son effort de guerre. La statue fut déboulonnée pour en faire des canons
Christian Boulmier convainquit les 33 membres du Conseil de l’Ordre, dont je faisais partie, de créer cette association. La première carte de membre fut attribuée au Grand Maître de l’époque, dont certains se souviennent encore, j’ai nommé Philippe Guglielmi.
L’association créée, la présidence fut confiée à son épouse, Anne Boulmier. Je fus élu à la vice-présidence dès l’origine de l’association et à la présidence depuis 2002. Je salue admirativement l’implication constante d’Anne Boulmier du haut de ses 86 ans. Elle a su, avec toute l’énergie que nous lui connaissons, surmonter toutes les difficultés afin d’aboutir aux buts ambitieux de notre association.
Depuis la libération, de multiples tentatives auprès des instances publiques pour ériger une nouvelle statue avaient échoué. Notre décision fut, à l’instar de nos prédécesseurs, de lancer une souscription afin de financer cette nouvelle statue. Soutenue par Charlie hebdo, que je remercie encore aujourd’hui, notre association reçut la contribution de milliers de donateurs et celle, très importante, du Grand Orient de France pour atteindre son objectif.
Une nouvelle statue du Chevalier de la Barre, œuvre du sculpteur Emmanuel Ball, fit son retour dans le square Nadar. Son inauguration eu lieu le 24 février 2001. Cette statue montre François-Jean Lefebvre, chevalier de la Barre souriant, les mains dans les poches et coiffé d’un chapeau, comme un défi permanent à cette procession religieuse qu’il n’a pas salué à Abbeville en 1765. Nous sommes fiers de lui avoir redonné vie, sous une forme plus dynamique et irrévérencieuse que l’œuvre d’origine.
Elle faisait plus penser à un « Saint-Jean-Baptiste souffrant » qu’à un disciple de Diderot, de d’Alembert, Condorcet et, bien sûr de Voltaire. Nous sommes stupéfaits d’apprendre que La Libre Pensée a, récemment, pris l’initiative de lancer une souscription nationale ayant pour but de faire déboulonner notre statue… l’histoire se répète… Afin d’en ériger une autre qui serait un plagiat de l’œuvre de Armand Bloch de 1905 montrant le Chevalier de La Barre supplicié par l’église.
Un certain anticléricalisme étant leur combat essentiel, oubliant au passage que d’autres dogmes religieux peuvent conduire à des actes encore plus barbares. Je me rappelle, lors de la loi pour interdire les signes religieux à l’école, la déclaration de leur président Marc Blondel, comparant le port du voile islamique à un acte aussi révolutionnaire que celui des femmes portant les mini jupes dans les années 60.
Je ne pense pas que les femmes afghanes et iraniennes qui mènent un combat au risque de leur vie contre ce fameux voile sont du même avis que la Libre Pensée. Je profite de cette occasion pour exprimer toute mon admiration et mon soutien aux femmes et aux hommes d’Iran qui se battent sans faiblir depuis des semaines pour sortir de cette théocratie oppressive.
Un moment de notre histoire où une religion, interprétée par les pires intégristes comme une arme de guerre contre la République laïque, tue des centaines de nos concitoyens, en blesse des milliers. Souvenons-nous que nous avons commémoré, il y a à peine deux mois, le terrible assassinat de Samuel Paty, accusé lui aussi de blasphème par un nouveau tribunal de l’Inquisition, les réseaux sociaux.
L’association « Le Chevalier de La Barre » agit depuis 25 ans pour promouvoir la laïcité sur le plan culturel. Cette laïcité constitutionnelle de notre république sociale qui assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans restriction d’origine, de race ou de religion.
Le véritable vivre ensemble, c’est la fraternité républicaine. Laïcité à laquelle nous rajoutons UN qualificatif… Une Laïcité festive
C’est pour cela que depuis vingt ans nous organisons au pied de la Statue de notre Chevalier, la fête de la Laïcité, qui réunit autour du Grand Orient de France un grand nombre d’Obédiences Maçonniques et d’associations laïques.
Sous notre label « Le Laïcité Social Club », nous organisons régulièrement des « Cafés Laïques » avec d’autres associations et plus particulièrement « Unité Laïque » dont je salue la présence de son Président Jean Pierre Sakoun. Nous produisons aussi des pièces de Théâtre, telles que « Le Destin du Chevalier » et « La République », écrites et mises en scène par un membre actif de notre association, j’ai nommé Jean Piriou. Nous avons eu le plaisir de les présenter ici même dans ce fameux grand Temple.
Philippe Guglielmi dit partout que je suis très bavard… Je vais donc arrêter mon propos pour ne pas trop lui donner raison, en vous exprimant à nouveau toute l’émotion qui est la mienne et vous remerciant à nouveau.