Le 24 février 1848 Louis-Philippe, roi des Français, abdique après dix-huit ans de règne. La Deuxième République est proclamée. Après cette date, aucun roi ne régnera plus sur la France. C’est donc le terme de quatorze siècles de royauté (à partir de Clovis Ier, roi de Francs), féodale, absolue ou constitutionnelle. Février 1848 apporte donc un nouveau changement de régime (ou – mot d’époque – de « système » politique), le quatrième au bas mot depuis 1789.
David Di Nota, J’ai exécuté un chien de l’enfer. Rapport sur l’assassinat de Samuel Paty, Paris, Le Cherche Midi, 2021, 158 p., 16 €
Docteur en sciences politiques, David Di Nota s’était déjà essayé à l’écriture romanesque et aux essais journalistiques. Avec son dernier ouvrage, rapport accablant sur l’engrenage qui conduisit à l’assassinat de Samuel Paty, il nous propose un nouveau style, celui de la « comédie politique » qui emprunterait aussi bien à la farce qu’à la tragédie classique.
Le titre et l’avant-propos nous entraînent immédiatement dans l’univers de Kafka : celui du Procès fait à Joseph K., exécuté par deux hommes munis d’un couteau de boucher et dont les dernières paroles sont : « Comme un chien ! ».
Au-delà de cette référence explicite à l’auteur tchèque, Di Nota nous invite à assister à une tragédie, digne de celles des grands auteurs classiques du XVIIe siècle. Dans Les Caractères, La Bruyère écrivait « Le poème tragique vous serre le cœur dès son commencement, vous laisse à peine dans tout son progrès la liberté de respirer et le temps de vous remettre, ou, s’il vous donne quelque relâche, c’est pour vous replonger dans de nouveaux abîmes et dans de nouvelles alarmes ; il vous conduit à la terreur par la pitié, ou, réciproquement, à la pitié par le terrible ; vous mène par les larmes, par les sanglots, par l’incertitude, par l’espérance, par la crainte, par les surprises et par l’horreur, jusqu’à la catastrophe. ». Voilà ce qui attend le lecteur de ce rapport, qui n’est pas le procès de ceux qui ont concouru, par leurs lâchetés ou leurs complicités, à la mort de Samuel Paty, mais une immersion dans notre société et ce qu’elle peut véhiculer de pire comme idéologies fascisantes et obscurantistes.
Le 21 janvier 1793, la République française mettait fin aux espoirs de l’Europe coalisée des empereurs et des rois de remettre le peuple sous le joug de la monarchie absolue de droit divin.
À la suite des évènements de la journée du 10 août 1792 et de l’attaque du palais des Tuileries par le peuple parisien, Louis XVI est déchu de ses fonctions et interné à la prison du Temple avec le reste de l’ancienne famille royale. Il perd son titre de roi des Français le 21 septembre 1792 à la suite de l’abolition de la royauté, avènement de la République.
Accusé de haute trahison, Louis XVI est condamné à mort à l’issue d’un procès devant la Convention nationale. Le roi Louis XVI et avec lui, symboliquement, la royauté, furent donc décapités. La face du monde en était changée, dans le pays alors le plus puissant et l’un des plus peuplés de la Terre.
De cela soyons reconnaissants à nos pères et continuons à porter haut les idéaux de liberté et d’émancipation qui nous animent en nous souvenant du courage qu’il leur fallut pour renverser l’ordre du monde et pour défier les tyrans.
Aujourd’hui, la question n’est plus de décapiter le roi et la royauté mais de combattre toutes les menées obscurantistes et rétrogrades que sont le communautarisme, l’intégrisme islamiste, l’indigénisme, le décolonialisme, et le néolibéralisme, ce courant destructeur pour notre horizon de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité.
Conférence de Virginie Tournay, Lyon, Mairie du VIe arrondissement – le 19 janvier 2022
La conférence de Virginie Tournay a eu lieu devant un public de tous âges, dans une salle bien remplie malgré les duretés pandémiques !
Vous pourrez juger de la qualité exceptionnelle de la réflexion de notre « grand témoin » et de l’acuité de son regard en la regardant et en l’écoutant sur notre chaîne YouTube.
Une initiative portée conjointement par Unité Laïque et Nicolas Daragon, maire de Valence.
Lancement d’un Comité de soutien pour l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon
Quelques jours après l’hommage national rendu à Joséphine Baker au Panthéon, la Ville de Valence et l’association Unité Laïque s’associent pour lancer un Comité de soutien pour l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon.
Ce projet s’inscrit dans un moment historique particulier, celui où va, progressivement avec le temps, se clore la séquence d’hommage national aux héros de la Seconde Guerre mondiale.
A Valence, Missak Manouchian résonne particulièrement dans le cœur des nombreux citoyens d’origine arménienne, pour qui le héros de « l’affiche rouge » fut un modèle d’intégration de la première génération d’Arméniens en France, celle directement issue voire rescapée du Génocide de 1915, premier crime de masse du 20e siècle.
Aujourd’hui encore, il incarne l’engagement des étrangers dans le combat contre le nazisme et pour la liberté au sein de « l’armée des ombres », parfois jusqu’au sacrifice ultime.
Chaque année, le 21 février, sa mémoire et celle de son groupe sont d’ores et déjà honorées, comme dans de nombreuses villes de France.
C’est pourquoi, l’association Unité Laïque – attachée aux principes républicains et à l’idéal d’universalisme – et la Ville de Valence se sont associées pour porter le projet de transfert au Panthéon des cendres du grand résistant Missak Manouchian.
Unité Laïque et la Ville de Valence souhaitent que ce projet rassemble derrière lui la Nation.
Aussi et dès à présent, des intellectuels, des personnalités du monde politique, quelle que soit leur sensibilité, ainsi que des associations représentatives, sont sollicitées pour faire partie du Comité de soutien avant de soumettre cette proposition au Président de la République.
Denis Peschanski, historien et directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la France de Vichy et de la Seconde Guerre mondiale, a d’ores et déjà accepté d’être le conseiller historique du projet, qui reçoit par ailleurs le parrainage de Pascal Ory, membre de l’Académie française.
Denis Peschanski, conseiller historique de la démarche conjointe d’Unité Laïque et du Maire de Valence, Nicolas Daragon, présente notre initiative et justifie l’importance de voir entrer ce héros parfait dans le sanctuaire de la mémoire de la République, dans un esprit universaliste et laïque.
Parce qu’il symbolise l’engagement des étrangers morts pour la France dans le combat contre le nazisme et pour la République, des personnalités demandent le transfert des cendres de ce résistant fusillé en 1944 au mont Valérien.
par Un collectif publié le 13 janvier 2022 à 16h17
Nicolas Daragon, maire de Valence, ville où sont installés tant de Français d’origine arménienne et Jean-Pierre Sakoun, président de l’association Unité laïque, ont réuni autour d’eux un groupe de personnalités pour demander au président de la République le transfert des cendres de Missak Manouchian au Panthéon. Ce projet s’appuie sur l’autorité scientifique de Denis Peschanski, conseiller historique. Un large comité de parrainage est en cours de constitution dans un esprit d’unité nationale. Un appel public à signatures sera lancé au premier semestre 2022.
Missak Manouchian est mort pour la France, fusillé à 37 ans le 21 février 1944 au mont Valérien. Il représente non seulement ses compagnons de l’«Affiche rouge», mais aussi ces étrangers qui firent la France et dont la France fit des citoyens, le vaste peuple des ouvriers, typographes, cheminots, employés, intellectuels et poètes, hommes et femmes d’héroïsme et de devoir. Tous illustrent l’idéal d’une République où comptent avant tout l’amour de la patrie et l’adhésion aux principes universalistes qui la régissent.Archive (11 décembre 2009)
Avec Joséphine Baker, ils seront l’emblème de tous les êtres humains qui aujourd’hui encore, en Afrique, en Asie, en Europe, en Amérique latine, chantent la Marseillaise lorsqu’ils veulent faire entendre leur cri de liberté. En 2014 encore, les insurgés du Maidan à Kiev chantaient la Marseillaise comme avant eux tous les peuples qui se sont soulevés contre l’arbitraire et la misère depuis 1792.
Militant communiste, internationaliste et antifasciste
Missak Manouchian est un Arménien, enfant rescapé du génocide ottoman de 1915, immigré en France en 1925, artisan, puis ouvrier devenu poète et résistant. Militant communiste, internationaliste et antifasciste, il s’engage dès avant la guerre dans la lutte contre le nazisme. Entré dans la Résistance, il devient le chef militaire des Francs-tireurs et partisans français – main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) de la région parisienne que les Allemands voudront frapper d’infamie, en les réunissant sur cette Affiche rouge qui les rendra immortels. C’est «en soldat régulier de l’Armée française de la Libération» qu’il meurt avec ses camarades «étrangers et nos frères pourtant».
Emancipé grâce à la République française, aux rivages de laquelle il aborda avec espoir et qui lui donna la liberté, l’égalité et la fraternité, Missak Manouchian sut se battre pour elle jusqu’au sacrifice. Il ne demanda «ni la gloire, ni les larmes, ni l’orgue, ni la prière aux agonisants». Il illustre le dévouement de ces Français par le sang versé, nourris des Lumières et de la mémoire de la grande Révolution, reconnaissants envers ce pays qui fut la terre d’accueil et le phare de tant de persécutés.
Venu en France, son «pays de préférence», il fait partie de ces Arméniens industrieux qui ont épousé la République et le peuple français, auxquels ils appartiennent désormais. Il disait quelques jours avant sa mort : «Vous avez hérité de la nationalité française, nous l’avons méritée.» A sa femme tant aimée Mélinée, le jour de son exécution, il écrivait dans une lettre immortalisée par Louis Aragon et Léo Ferré : «Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement.»
Nous sommes dans un moment de l’histoire où vont progressivement s’épuiser, faute de combattants, les hommages nationaux aux héros de la Seconde Guerre mondiale. L’entrée de Hubert Germain, dernier compagnon de la Libération, dans la crypte du mont Valérien et celle de Joséphine Baker au Panthéon sont les symboles de la disparition de ces héros. Il ne faut pas que soit oublié l’un des résistants les plus emblématiques et les plus unanimement respectés, qui symbolise l’engagement des Français de cœur dans le combat contre le nazisme et pour la République. Missak Manouchian est l’une des silhouettes les plus admirables du long «cortège d’ombres» célébré par André Malraux.
Oui, la place de Missak, Français de cœur, Français par le sang versé, est au Panthéon.
Signataires : Nicolas Daragon Maire de Valence, Katia Guiragossian Petite-nièce de Missak et de Mélinée Manouchian, Nathalie Heinich Sociologue, Guy Konopnicki Journaliste et écrivain, Alain Minc Conseiller politique, essayiste et dirigeant d’entreprise, Pascal Ory Historien, membre de l’Académie française, Pierre Ouzoulias Sénateur, Denis Peschanski Historien, directeur de recherches au CNRS, Ernest Pignon-Ernest Artiste plasticien, membre de l’Académie des Beaux-Arts, Jean-Pierre Sakoun Président d’Unité laïque et Claudine Tiercelin Professeure au Collège de France.
Les 7 et 8 janvier, s’est tenue un important colloque organisé par le Collège International de Philosophie et l’Observatoire du Décolonialisme et soutenu par le Comité Laïcité République. Il sera une borne miliaire dans le combat pour la liberté de conscience et pour les libertés académiques. Ce combat est mené par des universitaires de plus en plus nombreux contre les dérives militantes extrémistes qui se sont emparées de l’enseignement supérieur. Citons l’islamogauchisme, le wokisme, le décolonialisme, l’indigénisme et toutes ces « studies » nombrilistes et minoritaires qui détruisent la rigueur scientifique, les sciences humaines et sociales, et s’attaquent désormais aux sciences exactes et appliquées.
Ceux qui ont assisté en direct à ce colloque ont pu entendre des communications passionnantes mais qui donnaient froid dans le dos. Une soixantaine de professeurs et de chercheurs hautement qualifiés et reconnus ont dressé le tableau d’une sorte de révolution culturelle à la chinoise, fomentée avec l’aide des réseaux sociaux et des autorités universitaires caractérisées par leur lâcheté et leur opportunisme, voire leur soumission, et qui atteint tous les domaines du savoir. Tous les thèmes chers à la cancel culture ont été abordés : écriture inclusive, voile islamiste, épuration de la musique, de la danse, de la peinture, de la poésie du XVIe siècle !! Volonté d’interdire les conférences, les représentations théâtrales, les articles, les enseignements considérés comme racistes, patriarcaux, islamophobes… Une sorte de visite guidée dans les tréfonds de la sottise et du dogmatisme obtus.
Et pendant qu’au dehors, devant l’entrée, quelques défenseurs du Bien brandissaient des pancartes dénonçant l’entrée du fascisme à la Sorbonne ou la banalisation de l’islamophobie, les assistants au colloque (plus de 1000 inscrits), en présence ou par zoom, ont été frappés par la haute tenue des propos. De l’humour, de l’amour pour des disciplines menacées, du désespoir parfois, mais pas un seul mot de politique politicienne, pas un seul de ces dérapages racistes, islamophobes, misogynes que les opposants au colloque avaient tenté de dénoncer avant même l’ouverture. Pendant le colloque même, ils brillaient par leur absence. N’ont-ils pas eu le temps de rassembler leurs troupes ? Ont-ils sous-estimé le pouvoir de rassemblement de la philosophie ? ou, simplement, à part vociférer, interdire, censurer, sont-ils incapables d’argumenter ?
Sur la bande de dialogue, pendant les intervention, les inévitables trolls, toujours sous pseudonyme, mettaient en doute la scientificité des propos tenus par des personnalités comme Dominique Schnapper, ou Nathalie Heinich, tant il est vrai que le meilleur masque de l‘idéologie est la science.
Bensoussan, Georges, Un exil français. Un historien face à la justice, Paris, L’Artilleur, 2021.
Une phrase prononcée par Georges Bensoussan lors de l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut sur France Culture en octobre 2015 provoque quatre ans de procédures, de « jours sombres » comme il les nomme, et une doxa qui l’exclut socialement.
G Bensoussan osait dénoncer l’ampleur de l’antisémitisme dans la population dite musulmane en France. Paraphrasant à peine des propos du sociologue Smaïn Laacher, il avait dit : « l’antisémtisme on le tète avec le lait de sa mère ». Smaïn Laacher, avait précisément dénoncer un « antisémitisme d’abord déposé dans l’espace domestique et dans la langue » et assuré qu’« une des insultes des parents à leurs enfants quand ils veulent les réprimander » consiste à « les traiter de juifs ». « Mais ça, toutes les familles arabes le savent »
Ces propos détournés et sortis de leur contexte ont été utilisés par tous ses détracteurs et leurs motivations respectives. Pendant ces quatre années, recevant une multitude d’attaques, il fait plusieurs constats sur la situation de la France, il les décrit et les analyse comme un « fait social total » en suivant Les règles de la méthode sociologique de Durkheim. Les idées et les hommes politiques, les associations, tous y passent et sont critiqués avec précision. Au fil des pages, on s’alarme de cette liste qui s’allonge mais on trouve, heureusement dans un souffle court, quelques manifestations de solidarité au milieu de ce marasme, un réel soutien de personnalités dont la droiture est infaillible. Et on admire la résistance exemplaire de l’accusé !
Louis XVI, roi des Français depuis la Constitution de 1791, perdit ses derniers pouvoirs lors de la journée du 10 août 1792 quand les patriotes fédérés, provenant de toutes les régions de France, donnèrent l’assaut du château des Tuileries , résidence royale depuis le retour du Roi à Paris à la fin de l’année 1789. Plus que le 14 juillet 1789, le 10 août 1792 est une date fondamentale dans l’Histoire de France car elle caractérise véritablement la fin de la monarchie dans notre pays (confirmée légalement le 21 septembre 1792, date de l’avènement de la première République française) et, subsidiairement, le point de non-retour de la Révolution Française.
Le roi déchu, désormais seul contre tous, est alors emprisonné trois jours plus tard avec sa famille dans la prison du Temple à Paris. Son valet de chambre, Cléry, fait le récit de sa captivité. Mais que faire du Roi ? Son incarcération satisfaisait autant les uns qu’elle dérangeait les autres. Les plus modérés des députés de la Convention, dans les premiers temps majoritaires, souhaitaient lui octroyer un sursis temporaire ; les autres, plus catégoriques, réclamaient son jugement et, pour les plus inflexibles d’entre eux, sa mort immédiate.